Cela fait plusieurs jours que les modèles nous promettent de belles descentes d’air froid et que rien ne se passe, ou presque. La situation pourrait cependant changer en fin de semaine avec l’arrivée d’un front polaire bien organisé. D’après les dernières sorties de modèles, les pluies seront également de la partie ! A quel point ces prévisions ont-elles des chances de se réaliser ? Voici les dernières analyses :
Les records n’ont pas été battus mais octobre 2018 restera dans les annales comme un mois particulièrement chaud en Suisse : en lieu et place des 15° C habituels, les thermomètres ont régulièrement passé la barre des 20° C. Par moments l’ambiance a même été assez estivale, à l’image des événements du 13 octobre où les thermomètres ont atteint les 25° C degrés dans la région de Delémont ou encore 27° C à Coire.
Cette situation s’explique par la présence de deux zones de hautes pressions pendant une grande partie du mois, l’une centrée sur le proche-Atlantique, l’autre sur l’Est de l’Europe. Dans cette configuration assez particulière, les perturbations ont surtout circulé sur les îles britanniques et en Méditerranée, délaissant la région des Alpes.
Changements en fin de semaine
Mercredi, les courants de Nord-ouest entraîneront une perturbation vers la Suisse mais les dernières sorties de modèles montrent que l’air froid qui l’accompagne, passera très à l’Est de nos régions. Même chose pour les précipitations.
Il devrait en être autrement en fin de semaine avec l’arrivée d’une dépression bien organisée sur l’Ouest de l’Europe. Placée à l’avant de ce système, la Suisse sera soumise à une situation de foehn pendant les journées de samedi et de dimanche, avec à la clé de fortes précipitations de barrage au Sud mais également de bonnes pluies sur l’Ouest.
Les dernières sorties du modèle européen (ECMWF) montrent que l’air froid qui accompagnera cette dépression, devrait s’installer sur la Suisse en début de semaine prochaine. Le modèle américain GFS montre même une baisse des températures à partir de samedi.
Incertitudes sur la baisse réelle des températures et sur les quantités de pluies
Les sorties de modèles montrent que le couloir dépressionnaire qui va se développer sur l’Ouest de l’Europe en fin de semaine devrait avoir une forme assez pointue. Ce que n'est pas anodin : l’air chaud qui remontera à l’avant de cette dernière amènera en effet de l’air méditerranéen particulièrement doux sur les Alpes ; et l’air froid qui s’installera à l’arrière viendra de régions situées très au Nord. Si les modèles voient juste, cet air froid se trouve aujourd’hui entre le Groënland et le Canada !
A l’instar de nombre de situations où les couloirs dépressionnaires prennent une forme assez pointue, la formation d’une goutte froide (dépression isolée des courants d’Ouest) semble probable. Point qui s’accompagne d’un certain nombre d’incertitudes :
La position et l’intensité de cette goutte froide varient en effet passablement d’un modèle à l’autre, plaçant dans certains cas la Suisse sous un courant de Sud, et dans d’autres sous un courant de Nord : en prenant les scénarios les plus extrêmes, les températures oscillent entre +13°C et -5°C vers 1500m pour la journée de dimanche. Les écarts sont également importants pour les quantités de précipitations, comme le montre les derniers diagrammes du modèle GFS américain.
Une autre approche pour montrer ces divergences consiste à comparer ci-dessous l'allure générale des courants en altitude, dans le cas d'espèce pour la journée de dimanche. Si pratiquement toutes les sorties de modèles mettent en évidence la présence d'une zone de basses pressions, la position de ces dernières varie beaucoup de l'un à l'autre.
Il faudra donc attendre quelques jours pour cerner la portée de l’événement. Mais s’il est un point sur lequel les modèles sont d’accords, c’est que la situation va enfin changer !
Philippe Jeanneret, avec le concours de Marianne Giroud, de Météosuisse.
Qualifié d'« ouragan zombie » par les météorologues, après avoir erré pendant une vingtaine de jours sur l’Atlantique, Leslie a touché les côtes portugaises samedi, sous forme de tempête tropicale. L’évènement - particulièrement rare pour la région - s’est accompagné de vents à près de 176 km/h. Et ce n’est pas terminé: les restes du cyclone amèneront encore aujourd'hui des pluies diluviennes sur le Sud de la France. D’autres épisodes humides seront également possibles en Méditerranée cette semaine.
Classé par moments en ouragan de catégorie 1 sur l’échelle de Saffir-Simpson, le cyclone a suivi un parcours assez chaotique au milieu de l’Atlantique entre le 20 septembre et le 13 octobre, passant plusieurs fois sur les mêmes zones. Errance particulièrement longue, 24 jours en tout. Vous en trouverez le résumé ci-dessous :
L’arrivée en soi d’une tempête tropicale sur le Portugal a par ailleurs constitué un évènement hors norme : seuls 5 ouragans étaient passés sur cette partie de l’Atlantique depuis le début des observations, l’un des épisodes les plus marquants étant l’arrivée des restes de l’ouragan Vince sur le Sud de l’Espagne en 2005. Leslie a également été la tempête tropicale la plus puissante à atteindre les côtes du Portugal depuis 1842.
Après une baisse de régime à l’intérieur des terres, les restes de la tempête tropicale ont retrouvé leur vigueur pendant la nuit de dimanche à lundi. Le phénomène s’explique par la présence d’eaux chaudes à la surface de la Méditerranée qui, en s’évaporant, ont amené de fortes quantités d’humidité dans l’air.
Plusieurs départements français se trouvent ainsi ce matin sous un couloir de pluies diluviennes, en particulier l’Aude qui a été placé en vigilance rouge. En près de 5 heures, les stations de mesures de Météofrance ont atteint les 180mm par endroits : cumuls impressionnants qui se sont traduit par des crues de près de 7 mètres dans la région de Carcassone et qui ont été à l’origine de nombreuses inondations.
L’activité pourra encore être localement forte pendant cette journée de lundi mais les dernières sorties de modèles montrent que les pluies devraient se décaler vers l’Est tout en s’atténuant. A noter que la Suisse devrait rester en marge des événements: seules quelques précipitations de barrage pourront se produire sur les versants Sud des Alpes.
Fortes pluies encore possibles cette semaine en Méditerranée
Les précipitations vont perdre de leur intensité sur le Sud de la France mais les restes de Leslie continueront de circuler sur la Méditerranée ces prochains jours, sous forme de "dépression classique".
Ce qualificatif ne signifie pas pour autant que les épisodes de fortes pluies sont terminés : les différentes sorties de modèles, comme celles du Centre Européen, montrent que des précipitations intenses seront également possibles sur la Sardaigne et sur la Corse pendant la journée de mardi.
Jeudi et vendredi, l’évolution est encore incertaine, mais les conditions seront encore dépressionnaires sur la Méditerranée : la région de Valence en Espagne, celle de Carcassonne ou la Sicile pourraient être à nouveau le théâtre de fortes pluies.
Et la Suisse ?
Paradoxalement, les versants Nord des Alpes devraient garder un temps sec et assez ensoleillé ces prochains jours. Cette situation s’explique par la présence des hautes pressions sur l’Est de l’Europe qui bloquent les perturbations sur la façade atlantique ou sur la Méditerranée.
Mais il ne sera pas dit qu’elle sera sans conséquences : en fin de semaine la présence conjointe d’une zone. Dépressionnaire sur la Méditerranée et d’une haute pression sur les îles britanniques, sera favorable à la bise sur le Plateau. Laquelle pourrait bien nous accompagner pendant quelques jours…
En marge des récente déclarations de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) sur les conséquences du réchauffement, nombre de questions se posent quant aux devenir de la Planète dans les 6 prochains mois. En point de mire, la fin de la saison cyclonique sur l’hémisphère Nord, l’avènement d’un nouvel épisode El Niño et les prévisions pour l’hiver européen. Que montrent les dernières prévisions ? Voici quelques éléments de réponse.
Saison des cyclones bientôt sur sa fin dans l’hémisphère Nord
L’actualité de la semaine sera dictée par la présence d’une tempête tropicale sur la mer d’Arabie et de deux ouragans sur l’Atlantique équatorial, en particulier sur Michael. Classé aujourd’hui en tempête tropicale par le National Huricane Center de Miami (NHC), le système devrait bientôt passer au stade d’ouragan. Il circulera sur le Golfe du Mexique en direction de la Floride ces prochains jours...
La formation de tempêtes tropicales ou d’ouragans est encore possible sur l’Atlantique Nord mais l’activité devrait progressivement diminuer ces prochaines semaines. De fait, la saison cyclonique prendra officiellement fin le 30 novembre. Pour rappel, six ouragans se dont formés depuis le mois de juin, dont un sous forme majeure. Dans la prévision publiée au mois d’août, le NOAA avait annoncé 4 à 7 ouragans pour la saison, dont 0 à 2 pouvant atteindre la forme majeure.
La saison va également se terminer le 30 novembre sur le Pacifique Nord mais l’activité est particulièrement forte cette année, avec l’avènement des Super-Typhons Jebi et Mangkhut en septembre. Des évènements majeurs sont encore possibles dans les deux mois à venir, les services du Joint Typhoon Warning Center (JTWC) misant sur une activité proche, voire supérieure à la normale cette année.
El Niño : retour confirmé cet hiver
Les températures à la surface du Pacifique sont restées proches de la normales ces dernières semaines mais le Climate Prediction Center américain – qui fait autorité en la matière - confirme l’avènement d’un nouvel épisode de type El Niño d’ici à l’hiver, avec une probabilité de 65 à 70 %.
Particulièrement redouté tout autour du Pacifique par les changements de régimes de pluies qu’il génère de parts et d’autres, l’épisode à venir pourra également influencer la température moyenne à l’échelle du globe. Et faire de 2019 l’année la plus chaude sur Terre depuis le début des mesures !
L’intensité de l'événement reste cependant à confirmer, les différents modèles de prévisions ne montrant pas de réel consensus sur ce point...
Un hiver européen plus chaud que la normale ?
Le Climate Prediction Center annonce également des températures au-dessus de la normale en Europe de novembre à mars. Un écart positif de 3 degrés pourrait même être enregistré sur une grande partie du Vieux Continent pendant le mois de janvier, ce qui est particulièrement élevé. Cette prévision va-t-elle se réaliser ? Pas si sûr...
Les modèles du Climate Prediction Center ont bonne réputation, mais essentiellement pour les zones limitrophes du Pacifique, où le phénomène El Niño exerce son influence de manière directe. L’expérience des hivers passés montre qu’il n’est pas très performant pour l’Europe. En réalité, le climat du Vieux Continent dépend d’un ensemble assez complexe de facteurs – El Niño en est un parmi d’autres -, il faut attendre en général le mois de novembre pour se faire une idée des conditions qui prévaudront pendant l’hiver.
Et la sécheresse?
Selon Météosuisse aucune amélioration notable ne se dessine en Suisse pour la semaine à venir. Dans d'autres régions d'Europe en revanche, les pluies seront abondantes en ce début de semaine, notamment sur le nord de l'Irlande, l'Ecosse et la Norvège avec localement plus de 200 mm entre lundi et mardi. Le sud de la France ne sera pas non plus épargné avec des cumuls d'eau tout aussi importants jusqu'à mercredi soir.
Certes, l'avènement d'un hiver plus doux que la normale pourrait se traduire par la présence d'un solide courant d'Ouest, porteur de précipitations: les événements du mois de janvier de cette année l'ont démontré. Mais cela reste une musique d'avenir...
Une grande partie de la Grèce a été balayée par le medicane « Zorba », en fin de semaine passée. Au-delà des vents qui ont atteint les 120 km/h, les cumuls de pluies ont dépassé les 100mm par endroits. Des vagues d’une hauteur inhabituelle ont également été observées. Le phénomène s’apparente aux cyclones tropicaux mais il présente un certain nombre de différences. De quoi s’agit-il ? Voici quelques explications.
Le mot « medicane » est la contraction de « mediterranean hurricane ». A l’instar des ouragans, le phénomène se distingue par une structure nuageuse axisymétrique, de forts vents, des pluies diluviennes et un centre chaud. Les mécanismes de formation, la durée de vie et l’intensité des évènements sont cependant assez différents :
Un medicane se développe en général avec l’arrivée d’air froid en altitude, lequel va jouer un rôle précurseur en déclenchant des phénomènes de convection et une forte activité orageuse. Ce stade est conditionné en grande partie par la température de surface de la mer, qui doit être au moins de 20 degrés.
Contrairement à ce qui est observé avec les ouragans sur les régions équatoriales, l’évaporation et la présence d’une forte humidité ne sont pas les éléments déclencheurs d’un medicane. Le phénomène est en effet dicté par les contrastes de température entre l’océan et les couches supérieures de l’atmosphère. Plus ces derniers seront importants, plus les conditions seront favorables au développement d’orages.
Dans un second temps, l’activité orageuse va libérer une grande quantité de chaleur, ce qui va transformer le cœur du système en « centre chaud ». D’où l’apparition d’un œil au milieu du cyclone, comparable à ceux qui peuvent être observés sur les ouragans.
Autre point commun avec les cyclones des zones équatoriales, la tenue d’un medicane dépend du cisaillement en altitude. Le phénomène – qui se caractérise par des changements de direction de vents - empêche en effet les orages de se maintenir autour de l’œil du système lorsqu’il est trop marqué. Il doit donc être de faible ampleur pour qu’un medicane puisse se développer…
Si le medicane présente des caractéristiques similaires à celles des ouragans, son diamètre est beaucoup plus petit – compris entre 200 et 400 km de diamètre (contre 500 à 1000 km pour un ouragan). La durée de vie de l’évènement est également plus faible, n’excédant généralement pas les 48 heures. Les vents sont enfin moins soutenus : dans la plupart des cas, les vents n’excèdent pas les 130 km/h, ce qui correspond tout juste à un ouragan de catégorie 1 sur l’échelle de Saffir-Simpson.
Le phénomène se produit en général en automne, lorsque les premiers front froid arrivent sur la Méditerranée et que la température de surface de la mer avoisine ou dépasse encore les 20 degrés…
Le passage de la tempête Fabienne – pile pendant l’équinoxe d’automne - s’est parfois accompagné de vents à plus de 100 km/h en plaine, les températures ont également chuté d’une dizaine de degrés. Peut-on en déduire que l’automne est de retour et que les pluies passeront un peu plus volontiers sur nos régions ? Pas si sûr…
L’arrivée de la tempête Fabienne s’est traduite par un fort coup de Joran hier-soir. Ce dernier s’est accompagné de rafales à 100 km/h à Cressier (NE), 102 km/h à Neuchâtel et même 111 km/h au Bouveret (VS). A l’arrière, une forte bise a pris le relais ce matin: les rafales dépassent les 70 km/h par endroits. La chute des températures a également été assez spectaculaire, oscillant entre 5°C et 16°C selon les régions (voir carte ci-dessous).
Ces conditions s’expliquent par le passage de la tempête Fabienne sur le Nord de l’Europe mais également par la formation à l’arrière d’une zone de hautes pressions sur les îles britanniques. Sans cette dernière, la bise aurait eu de la peine à s’installer sur le Plateau. Et la baisse des températures n’aurait pas été aussi marquée…
Cette situation ne devrait pas durer : dès demain, les hautes pressions auront tendance à se déplacer vers l’Est, avec pour conséquence un net affaiblissement des vents du Nord et le retour à un temps généralement ensoleillé. Cette situation va également s’accompagner d’un redoux : les températures devraient remonter autour des 22°C à 23°C pendant les journées de jeudi et de vendredi.
Retour de la bise en fin de semaine
Contrairement à la Suisse, les îles britanniques retrouveront un temps d’Ouest perturbé en milieu de semaine. Episode humide qui devrait être assez bref : un nouvel anticyclone se formera sur le Proche Atlantique pendant la journée de vendredi, ce qui permettra peu à peu à la bise de revenir sur le Plateau. Et aux températures de s’abaisser !
Nombre de points restent à préciser mais les dernières sorties de modèles montrent plutôt la présence d’une bise modérée sur le Plateau pendant la journée de samedi, avec des températures comprises entre 16 et 19 degrés en plaine. Au final, le retour de l’automne se fera surtout sentir par la présence de la bise et par une baisse des températures. Hormis quelques incursions sporadiques, les pluies resteront aux abonnés absents.
On aurait préféré le contraire, au vu de la sécheresse qui sévit depuis plusieurs mois…
Philippe Jeanneret avec le concours de Dean Gill de Météosuisse
Après un périple de près de 10 jours, Helene va aborder les îles britanniques pendant la journée de lundi. Sa trajectoire présente un certain nombre d’analogies avec Ophelia, qui a circulé du même côté de l’Atlantique en octobre dernier, mais leur véritable point commun sera de faire grimper les températures.
Helene s’est accompagnée de vents soufflant jusqu’ 175km/h sur l’Atlantique équatorial la semaine passée. Ce qui a permis de la classer en catégorie 2 sur l’échelle de Saffir-Simpson. Mais cette dernière a perdu une grande partie de son énergie en arrivant sur des eaux plus froides au Nord des Açores.
Pendant la journée du 16 septembre, le NHC a annoncé qu’Helene était désormais devenue une tempête post-tropicale et qu’elle allait se diriger vers les îles britanniques avant de se faire absorber par les courants d’Ouest.
Si Ophelia s’est accompagnée de rafales près de 190 km/h sur les côtes d’Irlande entre le 16 et le 17 octobre 2017, Helene devrait s’accompagner de vents nettement moins soutenus. Selon les derniers bulletins du UK Met Office, les pointes ne devraient pas dépasser les 70 mph - soit un peu plus de 110 km/h – au passage de la tempête pendant les journées de lundi et de mardi.
D’après les dernières sorties de modèles, Helene sera absorbée par les courants d’Ouest pendant la journée de mardi et poursuivra les jours suivants sa route vers le Nord-est, sous forme de dépression.
Poussée de chaleur inhabituelle
A l’instar d’Ophelia, Helene va s’accompagner d’une forte hausse des températures. Le phénomène s’explique par la présence de courants de Sud-ouest sur ses flancs, qui vont faire remonter de l’air subtropical en direction du Vieux Continent.
Les températures devraient ainsi atteindre les 35°C au Portugal, 30° à 32°C dans le Sud de la France et sur la vallée du Rhône. Météosuisse prévoit de son côté jusqu’à 27 degrés en région lémanique et même 28 en Valais. Ambiance estivale, rien à redire.
Sables du Sahara en vue?
Les courants de Sud-ouest vont-ils s’accompagneront de sables sahariens, synonyme de couleur jaunâtre dans le ciel ? Le phénomène s’était produit au passage d’Ophelia.
Selon les dernières sorties du modèle Skyron, de l’Université d’Athènes, le phénomène devrait avoir une portée réduite cette année, seuls l’Espagne et le Portugal devraient être concernés.
Mais nous ne se sommes pas à l’abri d’une surprise !
La côte Est des Etats-Unis devrait connaître son premier ouragan majeur cette année, avec l’arrivée de Florence sur les côtes de la Caroline du Nord et de la Caroline du Sud en fin de semaine. Le National Hurricane Center de Miami (NHC) prévoit des vents jusqu’à 240 km/h. La montée du niveau des eaux constituera également un danger.
Apparue au large des îles du Cap Vert il y a une dizaine de jours, Florence a suivi jusqu’à présent une trajectoire loin de toute terres habitées. Elle se trouvait ce matin vers le 24.9N – 58.9W, les dernières estimations faisant état de vents soufflant jusqu’à 165 km/h. Après avoir passablement hésité sur les différentes trajectoires possibles, les dernières sorties de modèles montrent que l’ouragan devrait circuler au Sud des Bermudes pendant la journée de mardi et se diriger ensuite vers la côte Est des Etats-Unis.
Ces mêmes sorties indiquent par ailleurs que les vents devraient s’intensifier ces prochaines 72 heures, atteignant 220 km/h mardi, puis 240 km/h entre mercredi et jeudi. Ce qui fera de Florence un ouragan particulièrement dangereux de catégorie 4 sur l’échelle de Saffir-Simpson. Le phénomène s’explique par la présence d’eaux particulièrement chaudes à la surface de l’Atlantique (environ 29° C) et l’absence de phénomènes de cisaillement en altitude (changement de force et de direction du vent).
L’impact sur la côte Est des Etats-Unis est prévu pour vendredi, les zones les plus exposées allant de Charleston (Caroline du Sud) au Cap Hatteras (Caroline du Nord). Au-delà des vents qui pourront encore atteindre les 220 km/h et des pluies diluviennes (plus de 500mm attendus), les spécialistes du NHC redoutent une montée du niveau de l’océan, de l’ordre de 3 à 4 mètres. De fait, plusieurs avis ont été lancés par les autorités américaines, invitant les populations à prendre toutes les mesures pour se protéger.
Région généralement peu touchée par des ouragans majeurs
La Caroline du Nord et la Caroline du Sud se trouvent régulièrement sur la trajectoire des ouragans mais des évènements de catégorie 3 ou plus n’y sont pas monnaie courante. Le dernier ouragan de catégorie 3 à s’être abattu sur les deux états a été Jeanne en 2004, accompagné de vents à près de 195 km/h.
Le dernier ouragan de catégorie supérieure à 3 à avoir circulé sur ces mêmes zones n’est autre qu’Hugo en 1989. Considéré comme l’un des plus puissants jamais observés sur l’Atlantique équatorial, ce dernier est entré dans les annales avec des rafales à près de 300 km/h en Guadeloupe et une pression de 918 hPa en son centre ! En arrivant sur les côtes de la Caroline du Sud, des vents à près de 217 km/h avaient été mesurés à Charleston. Pendant l’événement, la montée du niveau des eaux avait par ailleurs dépassé les 5 mètres.
L’arrivée d’un ouragan de catégorie 4 est d’autant plus redouté que la population des deux états est passée de 12,66 millions d’habitants en 2004 à 15,29 millions en 2017.
Philippe Jeanneret, avec le concours du National Hurricane Center de Miami (NHC)
La saison 2017 a été marquée par la formation d’ouragans majeurs sur l’Atlantique équatorial, comme Harvey, Irma ou Maria qui a fait plus de 4000 victimes à Porto Rico. Mais l’activité semble plus faible cette année : seuls 6 systèmes tropicaux ont été répertoriés jusqu’à présent, contre 8 l’année passée à la même période. La tempête Florence qui s’est formée il y a quelques jours, va-t-elle changer la donne ? Voici les dernières analyses.
Les conditions n’ont guère été favorables à la formation d’ouragans ces dernières semaines. Mais une zone dépressionnaire a réussi à se former au large du Sénégal jeudi passé. Malgré la présence d’eaux relativement froides à la surface de l’océan, le système a bénéficié de bonnes conditions de vent en altitude, ce qui lui a permis d’atteindre le stade de cyclone tropical.
Florence se déplace actuellement à une vitesse au sol d’environ 20 - 30 km/h, loin de toute zone habitée. Les vents les plus forts soufflent à 80 – 90 km/h, d’après les estimations faites à partir des images satellite.
La tempête va poursuivre sa route sur des eaux plus chaudes ces prochains jours, parallèlement, les phénomènes de cisaillement (variation de la force et de la direction du vent en altitude) devraient augmenter. Autant le premier facteur sera favorable à une intensification des courants, autant le second plaidera pour un maintien des vents actuels ou pour une baisse de régime. En l’état actuel, les prévisionistes du National Hurricane Center (NHC) de Miami optent pour la deuxième solution.
En fin de semaine, la situation sera différente : la tempête se trouvera dans un environnement moins marqué par le cisaillement, ce qui sera favorable à une intensification des vents. Selon les dernières estimations, ces derniers pourront atteindre les 90, voire 100 km/h. Bonne nouvelle, les dernières prévisions de trajectoire montrent que Florence circulera très au Nord des Caraïbes, loin de terres habitées mais la prudence reste de mise...
Prévisions revues à la baisse
Les premiers pronostics de l’année avaient tablé sur une saison cyclonique intense, avec l’avènement de 10 à 16 tempêtes nommées, 5 à 9 pouvant devenir des ouragans, parmi lesquels 1 à 4 sous forme majeure.
Mais l’activité a été relativement faible entre juin et août : seules 6 tempêtes tropicales ont été répertoriées sur l’Atlantique équatorial, dont deux sous la forme d’ouragan, avec l’avènement de Beryl et de Chris au mois de juillet.
La présence d’eaux moins chaudes que la normale à la surface de l’Atlantique équatorial, la fréquence des phénomènes de cisaillement en altitude mais également le fait que le temps soit relativement sec sur l’Ouest de l’Afrique, ont convaincu les spécialistes de revoir leurs estimations à la baisse.
Selon les dernières prévisions, publiées le 9 août, le National Oceanographic and Atmospheric Administration (NOAA) annonce finalement une saison inférieure à la moyenne avec 9 à 13 tempêtes nommées, 4 à 7 ouragans, dont 0 à 2 sous forme majeure.
On précisera que sur l'Atlantique équatorial, le pic d’activité est généralement atteint entre la fin août et la mi-octobre et que la saison cyclonique se termine officiellement le 30 novembre.
Philippe Jeanneret, avec le concours du National Hurricane Center de Miami (NHC)
PS Pour ceux qui désirent en savoir plus sur la formation des cyclones, cliquez ici.
L’été météorologique se termine cette semaine avec des températures d’environ 2 degrés supérieures à la moyenne. Ce qui en fera le troisième le plus chaud en Suisse depuis le début des mesures ! Si l’écart à la norme a été particulièrement marqué, le nombre de journées tropicales a également été assez impressionnant, atteignant généralement le double de ce qui est habituellement observé. La station de Sion a même égalé son record de 2015, selon un bilan provisoire. Voici les chiffres pour les principales stations de Suisse-romande:
Le tableau ci-dessous comptabilise les journées tropicales, avec une température maximale égale ou supérieure à 30 degrés. Le tout pour les mois de juin, juillet et août.
La palme revient à Sion, avec 44 journées tropicales. Le record de 2015 est égalé, devant l’été 2003 qui avait pour sa part totalisé 40 journées tropicales. Il convient de préciser que ce chiffre est provisoire: si les températures passent encore la barre des 30 degrés d'ici au 31 août, 2018 arrivera en première position!
La station de Genève compte pour sa part 32 journées tropicales, ce qui représente la troisième valeur la plus élevée après 2003 (44 journées tropicales) et 2015 (34 journées tropicales).
Pour les autres stations, le nombre de journées tropicales oscille entre 14 et 17. Certes, le chiffre est nettement inférieur à celui de Sion ou de Genève. Il n’en représente pas moins le double de la norme, 1981–2010.
Écart encore plus marqué par rapport à la norme 1961-1990
Témoin du réchauffement climatique sur la région des Alpes, voici les chiffres de l’été 2018, comparés cette fois à la norme 1961-1990. Les valeurs sont trois fois plus élevées pour Genève et Sion. Le coefficient est de quatre en moyenne pour Payerne, Neuchâtel, Pully et Delémont.
Nombre de journées tropicales vraiment plus élevé à Sion?
Le nombre de journées à 30 degrés semble comparable à celui de 2003 à Sion mais la retenue s’impose, malgré le caractère officiel des mesures. La présence de hangars d’une superficie de 18'000 m2, à une vingtaine de mètres seulement de la station d’observation de l’aérodrome de Sion, fausse en effet les mesures depuis 2012.
« Une masse sombre accumule beaucoup plus d’énergie solaire et de chaleur qu’une zone claire ou couverte de verdure», explique Didier Ulrich de Météosuisse. « Et la présence d’un bâtiment moderne, couvrant une vaste surface, peut avoir influence significative sur la température des zones avoisinantes, par temps ensoleillé. A Sion, le phénomène est manifeste dès qu’un vent d’Ouest se lève, car l’air chaud qui se trouve à proximité des hangars se déplace vers la station de mesure! ».
Difficile de dire à quel point le nombre élevé de journées à 30 degrés enregistré à Sion est en lien avec la présence de ce nouveau bâtiment. Mais le problème devrait être réglé à terme, avec la mise en service par Météosuisse d’une seconde station en parallèle, cette à l’abri de toute interférence.
Philippe Jeanneret, avec le consours d’Oliver Duding de Météosuisse.
Les fuites de méthane provenant de l'industrie pétrolière et gazière américaine sont supérieures de 60 % aux estimations officielles, selon une étude publiée le 21 juin par la revue Science. La différence s’explique par le fait que perditions liées à la vétusté des installations n’avait pas été comptabilisé correctement. Faut-il pour autant parler de mauvaise nouvelle ? La réponse est nuancée.
Au cours des 20 premières années qui suivent son émission dans l’atmosphère, le méthane a un pouvoir réchauffant 80 fois plus élevé que celui du CO2 : les scientifiques estiment qu’il contribue à environ 25% du réchauffement planétaire.
Globalement, 60% des émissions de méthane sont liées aux activités humaines : une grande part de ces émissions est liée aux rejets de l’agriculture, à l’élevage et aux feux de forêts. Les rejets liés à l’exploitation des ressources gazières et pétrolifères jouent également un rôle important.
Selon des estimations faites en 2012, notamment par l’Agence américaine de Protection de l’Environnement (EPA) les taux de fuite de méthane oscillent entre 1% et 8% sur le territoire américain. Ces chiffres n’ont cependant jamais fait l’objet d’un consensus de la part des scientifiques, faute d’étude suffisamment complète dans ce domaine.
Pour combler cette lacune, Ramón Alvarez, un chimiste de l'atmosphère du Environmental Defense Fund, a compilé avec son équipe toutes les données disponibles, notamment celles qui tenaient compte des perditions liées aux installations individuelles ; les différentes mesures ont été validées par des relevés aériens. L’étude a par ailleurs couvert le 30% de la production gazière américaine, ce qui a permis de faire une extrapolation assez fidèle pour évaluer l’ensemble des émissions sur le territoire des Etats-Unis.
L'équipe est arrivée à la conclusion que la chaîne d'approvisionnement en pétrole et en gaz des États-Unis émet chaque année environ 13 millions de tonnes de méthane, principal composant du gaz naturel. Chiffre beaucoup plus élevé que l'estimation de l'Agence américaine de protection de l'environnement qui était d'environ 8 millions de tonnes. Soit un taux de fuite de 2,3% et non pas de 1,4%.
« Cet écart provient probablement du fait que les enquêtes sur les émissions de l'EPA ne tenaient pas compte des sources potentielles de fuites de méthane, comme les équipements défectueux des installations pétrolières et gazières », explique Ramón Alvarez.
« Si rien n'est fait » ajoute-t-il « les émissions de méthane provenant de l'industrie pétrolière et gazière pourraient minimiser les avantages du gaz naturel, qui libère beaucoup moins de dioxyde de carbone et d'autres polluants toxiques que le charbon, lorsqu'il est brûlé ».
Le taux de fuite du méthane sur le territoire américain pourrait même être supérieur à ce qui est annoncé, pour Robert Howarth, spécialiste des systèmes terrestres à l'Université Cornell à Ithaca, New York. Interrogé par la revue Nature, ce dernier explique que les chercheurs n'ont pas pris en considération les émissions des systèmes de distribution de gaz dans les zones urbaines. Lesquelles constituent également une source de perdition.
Mais Ramon Alvarez voit le bon côté des choses : dans la mesure où une part importante de ces fuites est due à des équipements défectueux, la mise en place de systèmes de détection des dysfonctionnements des installations pétrolières et gazières pourrait constituer une "opportunité énorme" pour réduire les émissions de méthane.
On précisera que l’étude survient un an après que l'EPA ait annoncé son intention de retarder la mise en place d’une règlementation pour limiter les émissions de méthane produites par les opérations de forage pétrolier et gazier. Introduite sous l'ancien président Barack Obama, cette dernière n'entrera en vigueur qu'en 2019. Retard largement imputable à la volonté de Donald Trump et de l’administrateur de l’EPA, Scott Pruitt…
Philippe Jeanneret, avec les revues Science et Nature
Chaque jeudi (au minimum) à 20h sur RTS Un, l'équipe météo commente une photo envoyée par les internautes. N'hésitez pas à nous envoyer des clichés de phénomènes météorologiques dont vous êtes les témoins.
Philippe Jeanneret
rts.ch, placé sous la responsabilité de la RTS, met en ligne sur cette page des "blogs" personnels souvent décalés, parfois impertinents. Ces textes proposent des regards subjectifs; c'est un espace de liberté de ton qui ne représente pas le point de vue de telle ou telle émission mais bien celui de son auteur.