Christophe P. et Besnik A. comparaissaient toute la semaine devant le Tribunal criminel de Lausanne, accusés d'assassinat après avoir battu à mort le séxagénaire Christian de Kaenel lors d'un cambriolage tragique dans sa villa d'Epalinges le 29 décembre 2008. Egalement frappée par les voleurs, la veuve Jeannie de Kaenel assiste au procès en tant que partie civile.
Retrouvez ci-dessous le compte rendu de la dernière journée d'audience, avec les plaidoiries de la partie civile et des avocats de la défense, ainsi que le réquisitoire du procureur du vendredi 12 novembre.
Le résumé des réquisitoire et des plaidoiries de la défense (19:30 Le Journal du 12 novembre)
Les passages en justice se suivent et se ressemblent pour l'auteur du triple homicide de Vevey. Après deux procès et autant de condamnations à la prison à vie pour l'homicide de sa soeur, de sa mère et d'une amie de cette dernière en décembre 2005, le recours en annulation a été rejeté lundi par la cour de cassation du Tribunal cantonal vaudois.
Si le procureur vaudois Eric Cottier, répondant à l'ATS, s'est dit "soulagé" par ce verdict, l'un des défenseurs de François L., Me Robert Assaël, a quant à lui annoncé qu'il allait recourir auprès du Tribunal fédéral. «C'est une fuite en avant dans l'erreur judiciaire. Je me battrai jusqu'à la fin de ma carrière pour que cette injustice soit réparée», a déclaré l'avocat à l'issue de l'audience.
Les proches du condamné dénoncent eux aussi les nombreuses zones d'ombre qui ont selon eux émaillé l'enquête et poursuivent un intense combat, notamment via Internet (voir ci-dessous le sujet présentant les enjeux de la décision du jour, diffusé dans le Journal de 19:30 samedi 2 octobre).
Et voilà, le jugement est rendu. Jean-Claude Doriot (photo Keystone) écope de 15 mois d'emprisonnement avec sursis pour avoir accepté un prêt sans intérêt d'un de ses amis architectes. L'affaire évidemment n'est pas tout à fait close, puisque recours il y a aura très certainement et que le climat politique montreusien va s'en ressentir, surtout à quelques mois des élections (lire le compte rendu du jugement).
Pour l'exemple? Cela dit, comme souvent, les questions sont plus nombreuses que les réponses. N'a-t-on pas voulu avec ce municipal faire un exemple dans une région où la spéculation est reine et où les petites ambitions sont légion? Ne nous voilons pas la face: des affaires de ce type, on imagine volontiers qu'elles sont monnaie courante, quand tout le monde se connaît et que le marché est si petit.
Autre question, le procureur Cottier a beau dire que seul le droit a prévalu devant la Cour correctionnelle de Vevey et que les connotations politiques lui ont été étrangères. Le représentant du parquet est tout de même un peu court, voire laconique. Il semble oublier que les citoyens de Montreux ont failli être convoqués aux urnes par le conseiller d'Etat Philippe Leuba, pour pouvoir destituer, en première suisse, ce municipal qui s'accrochait à son siège.
Et puis, les enquêteurs et la justice ne sont-ils pas allés un peu vite en besogne, un peu comme dans l'afaire Légeret, en renvoyant Doriot accusé de corruption passive? Les preuves étaient faibles et n'ont pas pu être démontrées.
Délits relativement mineurs en pâture Alors quoi? Faut-il banaliser le cas Doriot et le renvoyer aux oubliettes de la petite corruption locale et se souvenir que depuis la "Comédie humaine" de Balzac, il n'y a rien de nouveau sous le soleil? Certes, non! Doriot n'est pas blanc comme neige. Mais n'a-t-on pas fait beaucoup de bruit pour rien?
La solution? De plus grandes communes avec des politiciens professionnels et moins susceptibles de tremper dans les petites combines locales? Pas sûr du tout. Comme si le risque de corruption était lié à la taille des collectivités publiques.
Moralité tout de même: on aimerait à l'avenir voir moins d'énergie gaspillée et moins d'emphase déployée avant de jeter en pâture des délits relativement mineurs transformés en affaire d'Etat.
Le Tribunal fédéral (TF) a tranché: la villa qui a servi de cadre au triple meurtre de Vevey (VD) la veille de Noël 2005 pourra être nettoyée. Le TF a débouté le fils de la propriétaire, qui s'y opposait et demandait que tout soit laissé en l'état dans l'éventualité d'un complément d'instruction.
Reconnu coupable - pour la deuxième fois lors du procès en révision en mars dernier - du meurtre de sa mère et de l'assassinat d'une amie de celle-ci et de sa propre soeur, dont le corps n'a jamais été retrouvé, le fils de la propriétaire attend que la Cour de cassation statue sur le dernier recours qu'il a déposé. (Retrouvez le compte rendu de l'affaire sur ce Journal vaudois)
Vider les congélateurs Cette mesure permettra notamment de vider les congélateurs et armoires frigorifiques qui étaient restées en l'état pour les besoins de l'enquête. Depuis, les enquêteurs ont procédé à des investigations, y compris à des prélèvements ADN. Le TF juge ainsi que "rien ne permet de redouter que le nettoyage de la
villa, dans la limite autorisée par le président de la Cour de
cassation, puisse avoir pour conséquence une disparition d'éléments de
preuve déterminants".
Du fond de sa cellule, F.L. passe à l'offensive. Condamné à la prison à vie le 18 mars à l'issue de son procès en révision pour le triple homicide de Vevey fin 2005, F.L. a écrit une lettre de six pages (et deux pages d'annexes) au président Colelough pour clamer son innocence et pointer les lacunes de l'instruction.
Nous reproduisons cette lettre ouverte que le condamné nous a également fait parvenir en marge du portrait de son amie qui est diffusé dans le journal des régions de la TSR, Couleurs locales.
Aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres. Aujourd'hui, Marlène va retrouver les grilles de Bochuz pour rendre visite à son ami condamné il y a une semaine pour le triple homicide de Vevey. Pendant cette semaine de procès, elle a pu le voir de dos seulement. Lui l'homme au visage impassible mais dont les muscles du dos se tendaient et tremblaient tellement l'émotion était vive quand il prenait la parole...
Premier échange "officiel" Des visites qu'elle lui rend sans relâche depuis plus d'une année. Pourquoi... parce que le destin peut-être en a décidé ainsi. Une amitié profonde est née entre ce condamné et cette femme alors que rien ne les y prédestinait. Dans le cadre de sa profession elle est, courant 2008, contactée par l'avocat de cet homme pour régler la vente d'un bien. Sans trop savoir ni comment, ni pourquoi, rapidement elle s'intéresse à cette affaire dont elle ne connaît rien. Très vite aussi, elle a envie de rencontrer cet homme dont déjà elle a pris le parti. Son avocat ne s'y oppose pas mais ne fera rien pour lui faciliter la tâche. Elle lui envoie un premier courrier lié à l'affaire qu'ils doivent régler. Le ton est officiel, elle ne dit rien de plus. L'affaire se règle.... Le temps passe.
Plusieurs mois plus tard, elle n'a rien oublié et elle se décide. Avant de partir en vacances, elle glisse une lettre à l'aéroport le 14 décembre 2008. Sur l'enveloppe une simple adresse: établissement pénitentiaire de Bochuz à l'attention de... Sur le moment, elle ne le sait pas, mais le même jour dans l'établissement pénitentiaire, un homme dans sa cellule lui adresse lui aussi un courrier. Un mois plus tard, ils se rencontrent. Ils font connaissance et très vite sa vie va en être bouleversée.
"Elle n'abandonne jamais!" Désormais, chaque jour elle s'implique pour cet homme qui clame son innocence. Chaque jour, elle se bat, se démène, essaie de trouver des solutions pour gérer cette situation. Pourquoi... parce que cette femme de poigne et de coeur, ses amis le disent, n'abandonne jamais. A tort ou à raison, elle a choisi de soutenir corps et âme - non, non, le mot n'est pas trop fort - cet homme condamné à la prison à vie.
Cet après-midi, je vais la rencontrer aux portes de Bochuz. Elle ne le dit pas, mais je sais que ce rendez-vous - pas avec moi mais avec lui - que cette visite là, la première depuis le procès, compte encore plus que les autres....
Le portrait de Marlène à découvrir en début de semaine prochaine dans Couleurs locales.
Jeudi 18 mars, peu après 17 heures, un silence de plomb s'installe dans la salle du Tribunal de Montbenon. Le président Colelough entreprend une longue lecture. Laborieusement parfois.
Dans la salle, à ma gauche, un agent de gendarmerie, une paire de menottes sur ses genoux. Comme si l'accusé était déjà condamné.
"Indices puissants" A deux mètres de moi, de dos, l'accusé, impassible. Après la lecture, il partira silencieux, emportant son secret.
Le président va égrener les indices "extrêmement puissants", dit-il, accusant ce fils adoptif, élévé dans un orphelinat de Bombay et poursuivant en Suisse un carrière peu aboutie sous nos latitudes.
Les échanges épistolaires de la famille sont lus, comme dans un roman de Balzac. Tes mensonges, ton double personnage, dit la soeur à son frère. Ta méchanceté, ton cynisme, dit la mère à son fils. Et le fils qui ne supporte plus les dépressions de sa soeur...
Puis, l'ADN, le sang sur les ciseaux, les dettes, le témoignage de la boulangère "à la mémoire polluée" (dixit le président), les versions contradictoires de l'accusé.
N'en jetez plus. Le compte est bon. Au trou!
Foulard orange Dehors, alors que je raconte le jugement en direct au 19h30, les micros et les caméras se tendent vers les partisans du condamné. En fait ce sont surtout des femmes, arborant toutes un foulard orange. Je les accompagne au Casino de Montbenon.
Et le procès reprend. J'écoute ces citoyennes déçues, amères, révoltées et prêtes à poursuivre le combat.
Etonnante, cette Marlène devenue amie de l'accusé, par altruisme, dit-elle, alors qu'elle faisait des visites à la prison. Un chroniqueur judiciaire patenté est aussi là. Il sort une photo des deux cadavres du drame. La mère et son amie face à terre, alors qu'elles furent décrites couchées sur le dos.
Sentiment curieux Et d'autres éléments sont passés au crible. Avec la conviction que l'accusé n'est pas le bon. Qu'on a négligé les autres membres de la famille, voire même des cambrioleurs qui auraient passé par là, ce fameux 24 décembre.
Je rentre chez moi avec un sentiment curieux. Un mélange de doutes et d'interrogations. Qui l'a vraiment emporté dans ce jugement? La nécessité sociale d'avoir un coupable? Les banques qui vont retrouver quelque argent? La justice officielle qui ne voulait pas se contredire?
Le doute n'a pas profité à l'accusé du triple meurtre de Vevey. C'est le constat de la presse après la confirmation de la condamnation à la prison à vie du suspect dans l'affaire Légeret.
Passage en revue de la presse romande au lendemain de la lecture du jugement reconnaissant F.L. coupable pour la deuxième fois du meurtre de sa mère et de l'assassinat de sa soeur et d'une amie de la famille le 24 décembre 2005.
Après deux heures de lecture, le Tribunal criminel de Lausanne a reconnu F.L. coupable du triple homicide de Vevey du 24 décembre 2005 et l’a condamné à la prison à vie. Le commentaire d'André Beaud à l'issue de la lecture du jugement (Le Journal de 19:30) et le déroulé des deux heures de lecture.
Prison à vie ou acquittement? Quel sort le Tribunal criminel de Lausanne va-t-il réserver à F.L. le 18 mars? Après la semaine d'audience du tout début mars, le président fera lecture jeudi dès 17 heures (à suivre en direct sur ce blog) du jugement décidé par le jury. Ce dernier aura-t-il été convaincu par les arguments du procureur général Eric Cottier, considérant que le témoignage tardif de la vendeuse en boulangerie ne remet pas en question la culpabilité de F.L. dans le triple homicide de sa mère Ruth, d'une amie de celle-ci Marina S. et de sa soeur Marie-José? Ou, au contraire, suivra-t-il les avocats de la défense - Pierre de Preux et Robert Assaël - en acquittant l'homme qui avait été reconnu coupable de ces mêmes faits lors d'un premier procès en juin 2008?
En attendant de suivre le compte rendu du jugement, découvrez le sujet du Journal de 19:30 du 17 mars consacré au rôle des jurés populaires.
Guillaume Arbex
A propos
Le Journal du canton de Vaud tenu par la rédaction de Lausanne de la TSR.
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