A l’instar de nombreux vents, le Joran doit son nom au lieu d'où il se forme. Ses zones de prédilection sont la région des trois lacs ainsi que le bassin lémanique. C’est à proximité des pentes du Jura qu’il exprimera le mieux son caractère changeant, tantôt sous la forme d’une brise nocturne, tantôt d’un vent d’orage. Sa versatilité et la soudaineté de ses réactions font de lui un vent particulièrement redouté.

Les brises nocturnes
Quand le temps se calme et que les hautes pressions s’installent, les vents synoptiques (bise, sud-ouest) laissent place aux thermiques. Leur mécanisme est relativement simple: pendant la journée, l’échauffement des reliefs provoque la formation de bulles d’air chaud qui, en s’élevant, provoquent un courant dans les basses couches de l’atmosphère. Le soir, c’est l’inverse qui se produit, la température s’abaisse sur les reliefs, permettant l’écoulement d’air froid vers le bas.

La forte déclivité des pentes du Jura, le fait qu’elles se trouvent déjà à l’ombre pendant l’après-midi - ou encore la présence de zones boisées, synonymes de fraîcheur - permettent au Joran de s’exprimer en fin de journée et pendant une bonne partie de la nuit.

De manière générale, on appelle «Joran» le thermique qui souffle en fin de jounée sur la région des trois lacs. Cette terminologie est aussi usitée sur le lac léman mais suivant les endroits, on parlera plutôt de Morget, de Bisoton ou de Jorasson.

Le Joran d’orage
Les reliefs du Jura sont particulièrement propices à la formation de foyers orageux. Ces derniers – dont le mécanisme est assez complexe – se caractérisent dans leur phase active par des précipitations et de vents descendants (ou rabattants) assez soutenus.

C’est dans ces situations que le Joran exprime le mieux sont potentiel. Si la durée de ces coups de tabac est de l’ordre de la dizaine de minutes, la proximité du lac avec les zones de formation des cumulonimbus, la forte déclivité des pentes du Jura permettent aux rafales d’atteindre 5 à 6 beaufort en très peu de temps. Dans les cas extrêmes ces dernières peuvent même dépasser les 100 km/h, ce qui explique la mauvaise réputation de ce vent.

Le Joran de front froid
Lorsqu’une dépression transite du Danemark à la Grèce, les vents s’orientent au Nord-Ouest et les fronts froids arrivent de manière parallèle au Jura. Le Joran peut à nouveau s’installer et souffler sur de larges portions de territoire. Si l’humidité est suffisamment importante le phénomène est accompagné par des rouleaux nuageux sur les crêtes.

Particularités de la région des 3 lacs
On appelle Joran de Plamboz, la situation où le vent d’altitude est orienté à l’ouest et passe par le hameau de Plamboz avant de se renforcer dans les gorges de l’Areuse. En débouchant sur la baie d’Auvernier, le vent rencontre les courants qui soufflent parallèlement sur le lac de Neuchâtel, et tend à se renforcer.

Le Joran de Chasseral quant à lui, est orienté au Nord. Le phénomène se rencontre souvent après le passage d’un froid au moment où le vent tourne à droite. Généralement il précède l’établissement d’un régime de bise.

Philippe Jeanneret