Les blogs | Le Blog de Manuella Maury

Publié le 26 novembre 2008 à 18:01

Lon
mer. 26.11.2008 18:00 Note texte



Intif

Publié le 29 mai 2008 à 16:21

Je n’ai pas écrit tout de suite. Un peu comme une fin qui ne finit pas. Suspendue. Un peu comme un silence préféré à une rupture. Mais je me suis rappelée d’un petit bouquin aimé : la correspondance entre Rainer Maria Rilke et la jeune poétesse russe Maria Tsvetaeva. Non pas que j’ose la comparaison de l’écriture – leur plume est celle des anges – mais la dernière lettre de M. Tsvetaeva était restée sans réponse. Et pour cause, Rilke était mort. Ce qui n’est pas mon cas. Une émission ça ne meurt jamais. Ca se prolonge même parfois . J’ai appris il y a peu que TV5 monde allait reprendre plusieurs de nos rencontres pour sa grille d’été.

Ce préambule pour dire que ce blog est le dernier de l’aventure, et que s’il devait y en avoir d’autres, ils puiseraient leurs mots dans un autre voyage. Pour ne rien vous cacher, j’ai hâte d’en connaître la destination.

La dernière de Têtes en l’air boucla la boucle sans faire de nœuds dans les lacets. Massimo Lorenzi qui fut l’invité de la maquette de l’émission revint, certes, fort de cette expérience, mais tout aussi inquiet que d'habitude.

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Inquiet comme la nature l’a fait. Ceci dit, recevoir quelqu’un qui connaît votre métier, c’est soit se prendre la honte, soit tirer avantage de l’expérience acquise. C’est ainsi que Massimo demandait parfois : il faut sortir du champ ? Tu veux que je reprenne le bâton pour être raccord ? Bon là on attend, la lumière n’est pas bonne… Un pro quoi. Et franchement ça vous procure un peu de répit sur 24h00.

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Pour savourer un tel sens de l’initiative il faut se souvenir des émissions où le ciel ralentissait les prises de vue et accélérait du coup l’impatience des personnalités. Je me souviens de Sylvie Jolie terrifiée par les vaches d’Hérens qui au milieu de l’interview était allée se réfugier dans la voiture. Ou d’Adolf Ogi qui, lassé des trois centimètres de neige qui ornaient son bonnet - ou plutôt celui qu’il avait emprunté à un cameraman – frappait dans les mains comme un coach pour que l’équipe finisse son travail. Avec Massimo rien de tout ça. Patient. Attentif. Et dévot visiblement, compte tenu des humeurs du ciel. Avait-il prié ? C’était presque l’été. Presque. Le soir venu, lorsqu’il fallut se dire au revoir, la fraîcheur se fit de circonstance.

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J’ai pleuré. Je le confesse. Au moment d’adresser hors caméra des remerciements aux équipes, aux habitués, à ma famille. Et Massimo se fit gentleman. Il prit la parole. Les mots me manquaient. Ses phrases furent présentes. Simples. Généreuses.

J'ose affirmer que je me souviens précisément de chacune de mes rencontres à la montagne. Mais le dernier invité a un avantage sur tous les autres. Ni doute sur la date, ni même sur la saison, on se souviendra sans forcer la mémoire qu’il fut le dernier.

Nous sommes actuellement en plein montage d’un best of qui sera diffusé dans le courant du mois de septembre. C'est étonnant de voir ces 45 personnalités au fil des saisons. Je me réjouis de réunir durant un seul soir ceux qui nourrirent durant près deux ans mes vendredis. Et les vôtres aussi peut être.

Je ne sais pas quand est-ce que l’écriture de ce blog rependra. Bientôt sans doute. Pas d’échéance pour une fois. La tête en l’air pour de vrai.

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Publié le 15 mai 2008 à 14:52

C’est le genre d’invité que vous n’imaginez pas recevoir un jour. Parce qu’il n’est pas vraiment réel à vos yeux. C’est l’auteur d’un livre qui a marqué un moment précis de votre vie.

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Qui vous a délivré un ou deux messages essentiels du type : "Cesse de te vouloir autrement que tu n'es. Tes misères, tes peurs, tes défauts sont périssables. Ne leur accorde pas plus d'importance qu'aux nuages qui passent. Ils ne sont rien d'autre que cela. Des nuages. Ne cherche pas la perfection. Qui cherche la perfection se condamne à l'angoisse et à la culpabilité perpétuelles. Défais-toi de ton passé, fils, et de ces sortes d'émotions qui troublent la vue juste. Seigneur! Si je pouvais te déshabiller de tout ce qui t'encombre, comme tu serais beau! Mais je ne peux pas, je ne suis pas le vent. Lui seul sait disperser les brouillards. »

Et puis un jour, il descend du car postal, il vous tend la main et vous dit : « c’est beau chez vous ». Comme dans un livre. Le conteur incarné. Et les milliers d’histoires qui traînent derrière son pas. Qui s’en vont errer dans le pré. Qui se dispersent au gré du vent. Qui s’amusent autour de nous.

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J’ai attendu Henri Gougaud pendant 15 ans. Et il est venu. La chanson dit qu’il n’y a pas de hasard dans certaines rencontres, que ce sont des rendez-vous. Il en fut ainsi entre Henri et Fatima. Je cherchais une conteuse en Valais et des amis me parlèrent de Christine Métrailler, une femme de grand talent, m’avait-on dit. Au moment de la contacter, Christine me dit : « Je ne suis pas une vraie conteuse, j’ai appris à conter, mes parents ne me racontaient pas d’histoire ». De l’humilité sincère, de celle qui aurait sans doute touché Gougaud. Et c’est là qu’elle me parle de Fatima. Fatima la slameuse, la jeune valaisanne d’origine macédonienne, la « conteuse d’aujourd’hui ». Christine m’explique qu’elle travaille régulièrement avec des jeunes qui écrivent « la rue », « leur vie », « leur regard » et qu’elle leur a transmis quelques pistes sur la tradition orale populaire. Celle qu’ils semblent perpétuer à leur manière.

Quand Henri a vu Fatima, le temps s’est arrêté. Leur rencontre était réellement un rendez-vous. Je vous en fixe un vendredi. Vous y serez ?

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Rediffusion de l'émission : vendredi 16 mai à 01:30 sur TSR 2, mercredi 21 mai à 23:25 sur TSR 2, jeudi 22 mai à 00:20 sur TSR 1

Publié le 01 mai 2008 à 16:45

Puzzle. J’en faisais quand j’étais petite. Sans grande motivation d’ailleurs. Parfois j’imbriquais les pièces de force pour convaincre mes parents qu’il n’y avait pas qu’une seule façon d’envisager le monde. Mais les puzzle sont conçus par des militaires de carrière. L’ordre indiscutable. Si un petit soldat de carton change de régiment, il devient déserteur de la boite, semant la pagaille sur la table plate. Les puzzle sont souvent des paysages. Pas toujours moches. Presque toujours.

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Je savais qu’Yvette Jaggi était une aficionados de ces petites pièces qui, contrairement à elle, ne peuvent vivre sans les autres. Yvette Jaggi a vécu pour les autres. Avec la capacité de se suffire à elle même. Allez savoir si c’est pour cette raison que les puzzle lui parlent. Elle explique que chaque pièce à son histoire, sa particularité, son détail unique et si facilement repérable. Elle n’arrive pas à comprendre que l’on puisse tenter par deux fois un geste qui s’est heurté à l’échec d’une première tentative. Cela en dit long sur l'ancienne syndique de Lausanne, non ? Une intelligence analytique, une curiosité maladive, une exigence redoutable, une surdouée contrariée. Je la soupçonne de devoir souffrir parfois de la lenteur d’esprit de celles et ceux qui l’entourent. Il lui vient de son père ce qu'elle appelle "une certaine intelligence combinatoire".

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Construire Tête(s) en l’air c’est un peu comme penser un puzzle. A la différence près, que nous pouvons, comme dans mon enfance, prouver qu’il n’y a pas qu’une seule façon d’envisager le monde. Le montage, c’est un jeu sensible et délicat. Les images sont parfois dociles. Selon la monteuse ou le monteur, le ou la journaliste, la réalisatrice ou le réalisateur, elles se soumettent à la volonté des uns et des autres. Changez de réalisateur, de monteur, de journaliste et vous obtiendrez une autre histoire. Déstabilisant de liberté parfois. Fascinant de créativité dans tous les cas.

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Alors que je rédige ce blog pour l’émission consacrée à Yvette Jaggi, je suis dans le boxe de montage pour finaliser les 27 minutes consacrées à Henri Gougaud, diffusées le 16 mai prochain. Avec Véronique la monteuse et Heikki le réalisateur nous tissons le récit de la rencontre. Si Roland Joseph le monteur et Vanessa la réalisatrice avaient disposé du même matériel ils auraient peut être fait d’autres choix. Mais je reste convaincue qu’à l’endroit ou à l’envers, lorsqu’un invité se montre généreux, ce qu’il en ressort ne dépend ni des moyens techniques, ni des talents des uns et des autres, ni même des paysages d’exception. Comme dirait Gougaud, la vie est définitivement plus forte que nous. Surtout à la télévision.

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Rediffusion de l'émission : vendredi 2 mai à 00:45 sur TSR 2, mercredi 7 mai à 22:55 sur TSR 2, jeudi 8 mai à 01:00 sur TSR 1

Publié le 24 avril 2008 à 11:00

« Il est encore en vie ? ». Peut être faites vous partie de celles et ceux qui - comme plus d’un tiers de mes collègues – pensaient qu’il n’était plus de ce monde. De ce monde fait de vallons et de montagnes, de lacs et de fleuves, de routes et de chemins, de villes et de campagnes. Il en a fait plusieurs fois le tour, mais les a-t-il seulement vus, ces paysages, son lieu de travail ?

On l’appelait le cannibale, parce qu’il dévorait tout. Les kilomètres et ses adversaires. Permettant par là même à Poulidor de rester l’éternel second et de rentrer dans le cœur des gens. Lui, c’est dans la légende qu’il est entré. Une sorte d’extra terrestre de la petite reine, devenu Baron d’ailleurs. Premier sportif belge anobli par le roi : Le baron Edouard Louis Joseph Eddy Merckx, né le 17 juin 1945 à Meensel-Kiezegem, petite commune du Brabant flamand à l’est de Louvain. Rien qu’avec ça vous pouvez vous offrir un exercice de diction : Meensel-Kiezegem et d’orthographe, Merckx. Autour de moi, tout a été écrit au moins une fois sur les scripts de l’émission : Merx, Merkx, Merxes.

Il a débarqué de son pays qui possède pour uniques montagnes des cathédrales. Il a débarqué avec sa météo sous le bras. De la pluie. De la pluie. De la pluie !

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C’est drôle la première heure. Et puis ça devient un peu moins amusant. Et ça finit par agacer. Alors on laisse la nature prendre sa douche et on se replie vers l’intérieur. Nous avons réservé plusieurs surprises au roi Eddy : son fou, fou du vélo, Bertrand Duboux. Sa reine, sa maman, dans un document d’archive qu’il n’avait jamais vu, tourné il y a une trentaine d’années par le journaliste Claude Schauli. L’un de ses suivants : Pascal Richard, qui finit par lui dire avec émotion « Merci », même s’il garde l’amertume propre à ces dernières années dans le milieu du cyclisme.

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Personnellement je ne le savais pas en vie. Mais je savais qu’il n’était pas mort. C’est à dire que je ne l’imaginais pas humain. Je croyais qu’il n’était qu’une expression. Quand j’ai vu l’expression manger sa salade de saison et vider son verre de rouge, c’était étrange. Il est en vie. Bien en vie. L’une des dernières légendes vivantes avec Mohammed Ali et Pelé. Il est en Suisse. Au moment même où le Tour de romandie 2008 ouvre ses portes.

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Publié le 15 avril 2008 à 18:10

Les jours se rallongent et le temps nous manque. Paradoxe de saison. Plus une journée compte de lumière plus il est difficile d’invoquer le cycle naturel pour expliquer la paresse d’hiver qui nous enduit encore. Alors on fait semblant d’oublier. Mon blog ! « oups, ça m’est complètement sorti de la tête ». A l’ ère de la grande productivité, il faut toutefois se retourner en prenant immédiatement des mesures de restructuration. Ainsi, mon blog de la semaine dernière va fusionner avec celui-ci. Concentration d’effectif. Augmentation du rendement. J’ai même hésité à me licencier pour augmenter vos profits - et m’offrir –comme tout patron – bonus et vacances. Mais la culpabilité m’a rattrapée. La « maudite ! ». Me voilà donc à l’ouvrage. Vous raconter Rinaldi et Ruth Dreifuss sans perdre la cadence.

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Ils se suivaient à un jour près. Le premier s’est pris la pluie, la deuxième s’est faufilée entre les gouttes. Dans les deux cas, il faisait froid. Ca semble anodin, mais la température de l’air a son influence sur la forme des propos. Essayez donc de poser une question existentielle alors que le vent vous rentre dans les trous de nez pour vous rappeler ses priorités. Remarquez, c’est sans doute ce qu’il y a de plus génial à vivre dans Têtes en l’air : l’improvisation imposée par la météo du jour.

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Nous imaginons toujours deux solutions en amont. On écourte la balade, on rallonge le bistrot, on évite les champs, on prend le chemin, on reste dans l’atelier, on oublie les cimes. Bref, on s’adapte à ce que le ciel nous laisse à décider. C’est à la fois stressant et stimulant. Parfois ça tombe pile poil. Pascal Rinaldi devait rencontrer Mario, un artiste mal voyant, sculpteur sur pierre ollaire.

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Le ciel était dans ses mains. Les paysages dans leur échange. Il y avait tellement de belle nature dans la séquence que la stratosphère ne nous a pas trop manqué. Parfois, au contraire, c’est frustrant. Ruth Dreifuss était prête à gravir les montagnes – elle a dû les contempler de loin.

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Elle avait des fourmis dans les jambes, la curiosité galopante. Il a fallu la brider. Dieu merci, la grande marcheuse, voyageuse aguerrie et surtout politicienne est toujours prête pour le changement. Elle s’est donc repliée avec nous dans l’ancien atelier de Marie Métrailler. Vous la connaissez ? Non ? Il vous manque donc de la poudre de sourire. Je vous recommande sa consommation par jour de pluie. Ne demandez pas l’avis de votre médecin et ne lisez pas la notice d’emballage. C’est le fond qui vous amènera à la guérison.

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Un chanteur. Une politicienne. Deux jours de pluie. Et du soleil au montage. Quel bonheur de les raconter ces deux là. Ils ont en commun la générosité et la curiosité de l’autre. Ils auraient sans doute pu se parler.

Tiens, ça pourrait être un concept. A la mode olympique. Le passage de témoin pour que la flamme ne s’éteigne pas. Mais par les temps qui courent… et s’il n’y avait que le temps qui courait. Trop risqué. Depuis, nous avons encore enregistré trois autres émissions. Là où j’ai l’impression qu’ils se sont tout de même transmis le témoin, c’est qu’il a plu durant trois jours. Eddy Merckx, Yvette Jaggi et Henri Gougaud sous la pluie, pour nous rappeler : « que lorsque le baromètre se passe la patte derrière l’oreille, c’est que l e chat est à la pluie ».

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Publié le 02 avril 2008 à 20:24

Depuis des mois nous disions : « Johnny Hallyday sur les marches du car postal… t’imagines un peu la dégaine, le symbole ! ». A dire vrai, plus que la rencontre elle-même, c’est cet instantané sur fond jaune que nous projetions avec Vanessa, la réalisatrice : Johnny sortant du car postal. C’était tentant. L’idée – débile, je le sais depuis – d’user du talent d’un imitateur pour nous offrir la star au rabais. Terriblement risqué. Tellement tentant. Il y a des idées qui devraient pouvoir vivre éternellement dans les limbes de l’imagination.

Laurent Gerra
aurait pu tourner les talons aussitôt ma proposition faite de le voir, même très furtivement, incarner Johnny dans le car postal. Ce fut beaucoup moins western que ça. Il a dit : « je déteste faire ça » avec un sourire franc et en rajoutant combien il était content d’être dans ce contexte et dans ces lieux. Redoutable technique : je me suis sentie stupide et soulagée. Un instant de solitude vite oublié devant un invité doté d’une telle nature. Un gars généreux, direct et sans faux semblant.

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Pour être totalement sincère, c’est sans doute l’invité le « plus connu » et le plus « normal » que j’ai eu la chance de recevoir. Quand je le lui ai dit, il a déclaré : « Normal... vraiment... je suis flatté. » Pour autant que normal puisse signifier quelque chose. Ouvert avec les équipes,

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enthousiaste devant les surprises que nous lui avions aménagées et surtout terriblement content d’être à la montagne. Son univers de prédilection. Durant son année sabbatique, pour fêter son 40è anniversaire il a pris l’option de faire du ski dans le monde entier. Il n’en aura pas fait chez nous. Mais je le soupçonne de revenir un jour.

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Tiens je me disais, s’il revient, je pourrais lui demander de faire Sarko sortant du car postal… ou non, plus célèbre, plus accessible, plus courrier A : Laurent Gerra sortant du car postal. Ca, il devrait le faire sans rechigner. Mettons que « normal » pourrait juste signifier « être soi ».

Ps : Jean Maurice Joris, grand cuisinier de ce pays, a joué les entremetteurs, entre la gourmandise de Gerra pour les choses simples et son goût très pointu pour les subtilités. Mangez avant de regarder l’émission ! Les cameramen ne se sont eux jamais remis d’être exclus du banquet par obligation de l’immortaliser. Je confesse : c’était diaboliquement bon.

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Rediffusion de l'émission : vendredi 4 avril à 00:40 sur TSR 2, mercredi 9 avril à 23:40 sur TSR 2,
jeudi 10 avril à 00:20 sur TSR 1

Publié le 27 mars 2008 à 14:25

Après Liliane Maury Pasquier et Jean Ziegler, nous avons abordé le troisième jour de tournage au soleil avec Yves Duteil. La météo était donc de notre côté et par là même du côté de tous ceux qui visaient une activité en plein air ce jour-là. Randonneurs, skieurs, marcheurs et… scieurs de bois.

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Alors que Duteil est au maquillage, les trois cameramen, les deux preneurs de son et le réalisateur se rendent sur les hauts du village. Ils choisissent avec soin leur emplacement pour que nous puissions opérer notre première balade sans véritable arrêt et presque sans les voir. Arrivés sur les lieux nous nous mettons en place pour débuter notre marche.

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Quelques randonneurs s’approchent du chanteur en lui rappelant ses premiers succès. Pascal le producteur prend quelques photos, peut - être même celles qui figurent sur ce blog. Bref, l’ambiance est détendue avec devant nous, un si joli chemin, avec une si jolie neige, de si jolis arbres que le plan « bucolique » est couru d’avance. C’était sans compter avec cette activité humaine qui consiste à ramener dans sa voiture des rondins de bois pour faire cuire la soupe et chauffer la maisonnette. Alors que le preneur de son nous signale que tout est en place et qu’il ne reste qu’à trouver un peu de silence, Pascal, le photographe producteur devient également régisseur et s’avance vers notre scieur. Debout avec sa tronçonneuse sur un amas de bois, il découpe avec soin et régularité son bien, résolu semble-t-il à faire de la forêt entière des boites d’allumettes. Poliment le photographe producteur régisseur médiateur interpelle notre homme : « bonjour monsieur, nous allons tourner une séquence pour la télévision, peut - on imaginer que vous renonciez un instant à votre activité, le temps d’une balade sur ce chemin ». La réponse nous parviendra en deux temps. Première : « brrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr ». Intensification de l’activité en cours. Augmentation du volume de la tronçonneuse. Deuxième : « j’ai du travail moi monsieur ». Et paf ! une bonne claque au divertissement. C’est vrai finalement, nous brassons de l’air pendant qu’il coupe du bois. A la télévision parfois, nous perdons l’ordre des priorités. Yves Duteil le sait bien : il a bien fallu que quelqu’un fabrique son petit pont de bois avant qu’il puisse le chanter.

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Ceci dit, la diplomatie peut parfois aboutir. La balade eut lieu dans le silence mystérieux de la forêt profonde. Après quoi nous nous sommes rendus chez Roger. L’artiste. Le portraitiste de talent. L’homme qui lui, a mis des priorités. Il a renoncé à l’enseignement pour se consacrer entièrement à la grandeur de son art dans son modeste atelier.

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Aujourd’hui il sculpte pour payer ses factures de février. Il y croit. Il s’accroche. Son talent n’est pas discutable. Lorsqu’on le présente à Yves Duteil ce dernier s’exclame : « vous avez de la lumière au bout des doigts ». C’est si vrai, si juste. Je me réjouis que vous découvriez quelques bribes de son travail ce vendredi.

Yves Duteil en concert :
le me 9 avril à 20h30, Le Beaulieu - Payerne
le jeu 10 avril à 20 h, Salle de spectacles de Fontainemelon/NE

contact avec l'artiste Roger Gaspoz :
site : www.rogergaspoz.com
e-mail : [email protected]


Rediffusion de l'émission : vendredi 28 mars à 00:55 sur TSR 2, mercredi 2 avril à 23:40 sur TSR 2,
jeudi 3 avril à 00:30 sur TSR 1

Publié le 16 mars 2008 à 12:14

Et voilà que le blog prend du retard. La semaine dernière - semaine d’enregistrement avec Laurent Gerra, Pascal Rinaldi et Ruth Dreifuss - ce fut climatiquement et émotionnellement si intense que l’organisation en fut quelque peu chamboulée. Ceci dit, c’est intéressant d’écrire pour la première fois après diffusion de l’émission. J’écris avec les retours des uns et des autres, les remarques, les mots gentils, les petites piques, les insultes et les analyses. J’écris même après avoir reçu un téléphone du principal intéressé, Jean Ziegler. Un message qui m'a vraiment touchée et que j'ai écouté trois fois pour me donner du courage. Tous les invités ne réagissent pas forcément aussi immédiatement à leur émission. Certains craignent le narcissisme. D’autres ne la visionnent que beaucoup plus tard lorsqu’on leur envoie le DVD. A vrai dire, c’est plutôt au terme de l’enregistrement que les échanges sont les plus forts. Comme si les moments vécus sur le "terrain" durant 24h00 étaient beaucoup plus forts que les 26 minutes qui pouvaient en rester.

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Jean Ziegler avait fait le trajet Loèche Evolène le jour de l’enregistrement. Il revenait du ski. Il avait insisté pour prendre le train puis le car postal. Insisté pour vivre l’expérience du voyage. C’est un vrai voyageur. Avec la curiosité du sociologue. Et la coquetterie de l’homme de média. A son arrivée, nous avons pris le temps du maquillage. Il connaissait les trucs pour adoucir les cernes et modifier les creux. Dominique la maquilleuse s’en est amusée.

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J’ai risqué l’excommunication pour cette émission. De quoi toucher tout de même le très croyant sociologue et émissaire de l’ONU. Objet du péché : l’empaillage. « Empailler » selon la tradition évolénarde, en plein carême, cet homme – socialiste de surcroît – sous un lampadaire et lui faire traverser le village, même en contournant le cimetière, c’était risquer de réveiller le diable de la vallée du même nom.

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Il semble que Dieu n’y ait pas vu d’affront. Le ciel est resté clair et étoilé jusqu’au bout. Jean Ziegler est reparti skier à Loëche, emportant son masque de bois et la tradition de ce coin de terre. On peut le trouver cabotin, insistant, répétitif, narcissique et j’en passe. Mais comment nier sa générosité.

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Aux dernières nouvelles, aucune révolution n’est en marche à Evolène après le passage de l’ami du Ché. Gardons toutefois dès à présent un œil attentif sur l’activité nocturne des carnotzets !

Rediffusion de l'émission : vendredi 14 mars à 00:45 sur TSR 2, mercredi 19 mars à 23:10 sur TSR 2, jeudi 20 mars à 00:35 sur TSR 1

Publié le 06 mars 2008 à 17:42

Trois jours de ciel bleu. A la suite. Pour la première fois depuis le début de Tête(s) en l’air, le ciel du soir nous a offert, à quelques minutes près, les mêmes nuances, la même découpe des montagnes, la même pureté des couleurs. Liliane Maury Pasquier, Jean Ziegler, Yves Duteil. C’était la série de février. Celle en cours de montage.Trois histoires mais le même ciel. Un coup de pouce pour les caméramen.

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On n’imagine pas à quel point un simple nuage peut changer la face du monde. Souvent, au montage, nous avons essayé de piquer ici ou là un « vieux » ciel pour le mettre sur une émission plus récente. Le ciel d’un autre enregistrement. Même cadre, même amorce, même point de vue et pourtant ! Poser un ciel filmé deux jours auparavant, légèrement brouillé, sur un enregistrement effectué sous un ciel un peu couvert tient du miracle. Comme si chaque invité venait avec son propre ciel et qu’il y mettait son sceau pour ne pas se le faire piquer. Souvent, mes collègues me disent : mais vous stockez des images pour les réutiliser au montage. Et bien non. Chaque émission est un recommencement. Et c’est ce qu’il y a de fascinant. Dans le même village, devant la même montagne, le même cameraman – ils sont un certain nombre à revenir régulièrement - réinvente à chaque tournage de nouvelles images. J’en profite ici d’ailleurs pour répondre aux nombreux messages qui saluent la qualité des images de « mon cameraman ». Ils sont trois à chaque tournage. Et deux preneurs de son. Et vous avez raison : la qualité de leur travail est une bénédiction.

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Reste donc ce tir groupé. Maury Pasquier, Ziegler, Duteil. Là peut être, il faut l’avouer d’emblée, ils se prêteront leur ciel. Il faudrait être Dieu pour pouvoir les distinguer. Ce vendredi vous verrez l’émission avec Liliane. Une enfant du village. Ses parents connaissent les miens. Aujourd’hui, avec sa famille, elle revient à Mase régulièrement.

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Elle a racheté la maison dans laquelle sa mère est née. Une solide bâtisse, élancée, en vieux bois bruni, qui surplombe l’église. Quand j’étais môme je n’osais pas m’aventurer jusque là. Allez savoir pourquoi, je me racontais qu’il y avait un jardin magique juste devant. Un jardin capable de capturer les enfants en plein jour pour les transformer aussitôt en cailloux. C’était amusant d’y retourner avec toute mon équipe. En passant devant ledit jardin, j’ai senti un souffle de nostalgie. J’ai regretté le temps des « vraies » peurs. Celles qui nous poussent à contourner un espace bien réel pour entrer à pieds joints dans le monde sans limite de l’imaginaire.

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Rediffusion de l'émission: vendredi 7 mars à 00:20 sur TSR 2, mercredi 12 mars à 23:05 sur TSR 2, jeudi 13 mars à 00:20 sur TSR 1

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