Publié le 11 septembre 2011 à
17:43
dans
Afghanistan
Pour marquer les 10 ans du 11 septembre 2001, il fallait rendre visite au centre orthopédique du CICR à Kaboul. C’est là que se concentrent toutes les souffrances, la combativité et l’envie de vivre des Afghans.
A priori effrayant avec son cortège d’amputés, de handicapés et ses enfants victimes de malformations, l’endroit dégage une formidable énergie positive.
Depuis 1988, le CICR a traité plus de 100 000 patients dans tout le pays. D’abord des victimes de la guerre. Auxquelles s’ajoutent désormais les victimes de la vie civile, des maladies congénitales, de la polio ou d’autres drames du quotidien. Le CICR s’occupe aussi des personnes paralysées, à la charge de familles souvent démunies.
Fatima, amputée depuis l'âge de 11 ans, s'occupe des enfants
Particularité du centre, tous ses employés, du Directeur au peintre en bâtiments, sont eux-mêmes handicapés. Fatima, par exemple, a perdu sa jambe à l’age de 11 ans lors des combats féroces entre Mudjahidines pour le contrôle de Kaboul. Devenue physio pour le CICR, elle estime être la mieux placée pour comprendre et aider les victimes qui affluent dans le centre.
Lors de notre visite, elle s’occupait plus particulièrement de quelques enfants aux jambes trop courtes ou difformes. Une pathologie fréquente en Afghanistan où les mariages co-sanguins restent une tradition bien ancrée.
Les dégâts de mines
Du côté des hommes, Pashmir est la victime, hélas classique, des mines anti-personnel. Il y a quatre ans, ses moutons s’étaient échappés dans la montagne. Il les a poursuivis dans une zone peu fréquentée. Une mine posée par les Soviétiques l’attendait là depuis les années 80. Il a perdu sa jambe droite.
Dans la salle de rééducation, ses pas hésitants croisent ceux d’un jeune homme qui fournit de terribles efforts pour atteindre le mur d’en face. Son véhicule a sauté sur une mine posée par les Talibans. Ses deux jambes et un bras ont été arrachés. Quelques mois plus tard, arc-bouté sur ses béquilles, il avance droit devant lui, souriant à chaque mètre gagné. D’accord pour quelques photos, il a refusé que nous le filmions dans cet état.
Ajoutons qu’en plus de deux décennies de présence en Afghanistan, le CICR a su défendre sa neutralité. Il peut aujourd’hui continuer de travailler avec toutes les parties au conflit.
Publié le 10 septembre 2011 à
20:23
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Afghanistan
«Importé de Suisse». Sur fond rouge, la mention attire immédiatement mon attention. Je me tourne vers mon hôte : «ce sont des machines suisses?». Les yeux brillants, Shaber Taufiq me répond par l’affirmative. Une grande partie de son équipement a été achetée chez Dubied S.A., basée à Couvet (NE). Dans les années 80, c’était le top des machines à tricoter. Aujourd’hui, tout est recouvert de poussière.
Avec son père, Shaber me fait visiter les restes de la fabrique de vêtements familiale. Jusqu’en 1992, l’usine employait 540 personnes. Depuis, les installations n’ont jamais pu redémarrer. Illustration d’une économie nationale à l’arrêt.
Entre et 1992 et 1996, les combats dans Kaboul entre les seigneurs de la guerre ont stoppé net l’activité. De 1996 à 2001, les Talibans n’ont jamais accepté que les femmes viennent travailler. Le coup de grâce a été donné récemment quand la famille Taufiq a compris que le gouvernement mis en place par les américains après 2001 ne s’intéressait pas à la relance de la production locale. Trop de corruption. Pas de fourniture d’électricité. Aucun encouragement à l’emploi. Les Taufiq ont jeté l’éponge.
«Le gouvernement actuel a dégagé les vieilles familles de la sphère des affaires, me dit Shaber, il préfère dealer avec ses nouveaux amis. Des gens sortis de rien qui misent sur l’import export pour s’enrichir plus rapidement».
Le père a les yeux humides d’émotion lorsqu’il me fait visiter les dizaines de pièces vides remplies de machines désormais obsolètes. Il me demande si Dubied existe encore (l’entreprise a fermé en 1987). Il se souvient des autres fournisseurs suisses qui étaient si gentils en affaires : «Ils nous envoyaient la laine à l’avance, et on payait seulement quand on avait vendu nos pulls».
Plein de nostalgie, son regard vagabonde sur les photos du Roi Zaher Shah qui visitait souvent l’usine. Abdul Khalek Taufiq attrape un vieux registre qui date des années 80. Il me montre les contrats de travail des employées. Sur la plupart des photos, les femmes sont tête nue. Au passage, quelqu’un de son entourage lève un tabou. Une de ces choses qu’il ne faut pas dire en Afghanistan. «Du temps des communistes, c’était dur mais ça fonctionnait un peu. Les femmes marchaient librement, jupes courtes et maquillées. Ingénieur, docteur, professeur ou chauffeur de bus, elles travaillaient. Depuis que les sauvages sont descendus des montagnes, on est repartis en arrière».
Publié le 09 septembre 2011 à
18:15
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Afghanistan
Que pensent les afghans de l’intervention américaine dix ans après le 11 septembre ?
Pour tenter de répondre à cette question, je rencontre Muqadas Attalwala. Cette toute jeune directrice d’une ONG afghane nous accueille avec son bébé posé sur le bureau. L’enfant est ligoté comme un saucisson. Il paraît que les nourrissons dorment mieux ainsi (les Indiens d’Amérique faisaient pareil).
Muqadas sillonne le pays pour éduquer les femmes. De ses innombrables périples, y compris dans les pires régions tenues par les Talibans, elle a ramené plusieurs certitudes sur les causes de l’échec de la politique américaine. L’espoir de paix du début de l’intervention a laissé la place à la colère, puis à la haine, à cause des trop nombreuses victimes innocentes causées par les bombardements.
Corruption galopante
L’espoir de développement économique a, lui aussi, disparu. A Kaboul, quelques proches du pouvoir se remplissent les poches à la vue de tous, alors que les gens ordinaires n’ont rien. D’après Muqadas, la plus grande erreur des américains restera d’avoir soutenu un gouvernement si largement corrompu que l’Afghanistan se situe en tête de la liste noire, quelque part entre la Birmanie et la Somalie.
Cette colère devant la corruption du gouvernement, on la retrouve dans toutes les couches de la société. De l’homme d’affaire ruiné (blog à suivre) au plus simple des paysans. Une sourde complainte s’élève dans tout le pays devant le manque d’eau, de route ou d’électricité. Nous avons pu le constater à chaque étape de notre escapade dans le Panshir. Une région pourtant privilégiée.
Communauté internationale complice
La communauté internationale, et toutes les instances onusiennes en particulier, sont complices de cette gabegie. Pendant dix ans, le détournement de l’aide s’est déroulé sous leurs yeux, ne soulevant rarement que de molles protestations.
L’intervention américaine était justifiée par la traque à l’appareil logistique d’Al Qaeda. Un objectif rapidement atteint. Ceci fait, pour priver les Talibans afghans de leur base de soutien, il aurait fallu enrichir durablement les populations locales. Les louables efforts consentis par quelques ONG tenaces n’ont pas - globalement - changé la situation sur le terrain. Il n’y a pas eu de « plan Marshall » pour l’Afghanistan. Du côté de Washington, de New York (siège de l’ONU) ou de Bruxelles, il n’y a sans doute jamais eu de réelle volonté d’envisager son financement.
Publié le 08 septembre 2011 à
10:49
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Afghanistan
Il n’est pas commun de rencontrer un émissaire surgi tout droit du Moyen-Age. Au sein du régime des talibans (1996-2001), le Mollah Qamalludine faisait office de ministre du vice et de la vertu.
Chasse aux barbes courtes, interdiction de la musique, des cerfs-volants...
Avec sa bénédiction, la police religieuse a commis un nombre incalculable d’exactions: la chasse aux barbes trop courtes, l’interdiction de la musique, des cerfs-volants, la destruction des Buddhas de Bamyian… pour n’évoquer que les excès les moins graves! L’Afghanistan était alors plongé dans les ténèbres.
Pourtant l’homme est charmant. Il nous offre le thé, accompagné d’amandes, de pistaches et d’amandes grillées. Grâce à Sami, l’indispensable journaliste afghan qui m’ouvre toutes les portes, l’entretien s’engage amicalement. On évoque ensemble le bon vieux temps du Jihad contre les Russes. Quand tout était simple. Quand les communistes étaient les méchants et les moudjahidines les gentils.
Le 11 septembre: "aucun vrai musulman n'aurait fait cela"
A l’époque, les occidentaux sillonnaient librement les montagnes, protégés par le code d’honneur des Pachtounes. Les Afghans acceptaient d’ailleurs tous les étrangers en mal d’aventure. Ah tiens, c’est l’occasion de faire le point sur Al Qaeda et le bon accueil réservé à Oussama Ben Laden… Première crispation de notre hôte.
"C’étaient des hommes, les meilleurs guerriers, de vrais musulmans. Ils ont combattu avec nous". N’a-t-il pas l’impression que les invités ont un peu abusé de l’hospitalité afghane pour fomenter de sombres complots terroristes internationaux ? "Ils étaient nos frères. On ne pouvait rien leur refuser". J’en conclus: aucun regret.
L’attentat du 11 septembre? "Impossible qu’il ait été commis par de vrais musulmans".
Passé et futur du régime des talibans
Je lui demande ensuite de me donner un exemple positif et un exemple d’échec du régime des talibans. "A notre époque, le crime n’existait pas. Les rues étaient sures. On pouvait traverser l’Afghanistan avec un âne chargé d’or sans crainte d’être dépouillé (il a raison sur ce point, du moins au début du régime). Négatif? Rien, parce que nous n’avons rien pu faire, isolés et ruinés par la communauté internationale."
Justement, le fait d’avoir été unanimement rejeté ne l’interpelle-t-il pas? "Non, tout cela c’est la faute des américains." Bon, essayons l’avenir, puisque le Mollah fait partie du groupe "d’ex-talibans" chargé de négocier en sous-main avec l’actuel gouvernement Karzai.
Retour en force et satisfaction
Est-ce que cela lui fait plaisir de voir les thèses néo-talibanes revenir en force dans le jeu alors que la force internationale prépare son retrait du pays? Le Mollah dissimule mal un sourire de satisfaction: "Pas du tout, nous sommes pour la paix , la réconciliation, etc, etc, etc… suivent cinq minutes de parfaite langue de bois."
Après deux années passées dans les geôles américano-afghanes, l’ancien tout-puissant a sans doute quelques comptes à régler. Impossible de résumer ici deux heures de discussion passées à esquiver mes questions. Finalement, j’ai jeté l’éponge. J’ai même épargné au Mollah Qamalludine, la traditionnelle interrogation sur le sort des femmes.
L’an dernier, un de ses acolytes (ex-ministre taliban de l’éducation) m’avait déjà donné la réponse en forme de retour à l’envoyeur: "C’est incroyable toujours ces mêmes questions. Quel votre problème, vous les occidentaux, avec les femmes? Nous, nous n’avons pas de problèmes".
Publié le 07 septembre 2011 à
16:11
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Afghanistan
Au troisième jour de notre "embed", la hiérarchie militaire nous invite à rejoindre la base de Pasab. C’est le quartier général de l’unité "Spartan": les spartiates.
La cérémonie se déroule à huis clos entre les officiers et les soldats. Nous ne sommes pas autorisés à filmer ou à prendre des photos durant la cérémonie proprement dite.
Cérémonial sobre et sincère
Musique funèbre, discours élogieux, salves d’honneur et prières. Nous sommes au cœur de l’âme militaire, de ce que l’armée aime à présenter comme une grande famille. Censé renforcer la cohésion du groupe, le cérémonial est sobre et sincère.
Tout un programme! Nous embarquons dans un blindé surprotégé. L’occasion de voir l’Afghanistan à travers l’angle limité de la vitre d’un soldat: de la poussière, des maisons de terre et rien des hommes et des femmes qui l’habitent.
Trois morts au combat
Aujourd’hui, l’unité s’incline devant ses morts. Trois hommes: un soldat, un sous-officier et un officier tués au combat. Leurs corps ont déjà été rapatriés aux Etats-Unis. C’est leur mémoire que le commandement souhaite honorer devant la troupe.
Il me semble toutefois manquer d’humanité jusqu’à ce que commence le défilé de l’ensemble de la troupe. Les soldats s’avancent lentement, trois par trois, saluent et s’agenouillent devant la photo de leurs camarades. Chacun dépose un souvenir personnel sur le socle noir de celui qu’il connaissait plus particulièrement. Une médaille ou un objet. Ils effleurent sa plaque militaire et se recueillent, souvent longuement. Des larmes coulent. Les hommes se redressent, saluent et repartent… La même scène se répète jusqu’à ce que les 300 hommes soient passés. Sa longueur monotone emplit cette petite parcelle d’Afghanistan d’une gravité inattendue.
Publié le 06 septembre 2011 à
09:04
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Afghanistan
Avec Serge Cherruault, caméraman-monteur (voir photo), nous repartons sur les routes du pays (ci-dessous, nos reportages de 2010). En commençant par quelques jours «d’embed», comme on dit, avec l’armée américaine. Destination : le Sud du pays, à Kandahar, le fief originel des Talibans.
Une séquence "no comment" de notre reportage:
Le sergent Mc Auliffe (photo ci-dessous) est un dur à cuire. Vétéran de la campagne d’Irak, envoyé plusieurs fois en Afghanistan, il dirige ses hommes avec de la poigne et du cœur. Son groupe, la section Alpha, fait partie du prestigieux 87ème bataillon, 10ème division d’infanterie de montagne. La mission du jour : une patrouille de sécurité près de la zone verte, à l’ouest de Kandahar. La région est richement agricole. C’est un labyrinthe de vergers d’où les talibans peuvent frapper à tout instant, à l’abri de la végétation.
Mc Auliffe a répété les consignes. «Pas de tirs sur les cibles non-identifiées, attention aux mines et, sauf en cas de combat, pas de violation de domicile». Seuls les policiers afghans, musulmans, sont habilités à le faire. Les poches des soldats sont remplies de peluches pour les enfants, conformément aux bonnes règles de la propagande US (un petit cadeau ne peut pas faire de mal).
Armée comme un porte-avions, la section s’engage dans les ruelles étroites d’un village pachtoune. Les visages des habitants sont hermétiques. La mosquée historique du Mollah Omar n’est qu’à quelques kilomètres de là.
Rarement l’expression militaire : le « théâtre des opérations » aura pris autant de sens. Avant son départ du pays en juillet dernier, le général Petraeus avait décidé de faire de cette région un exemple de la réussite américaine en Afghanistan, à contre-courant des idées reçues sur une situation médiatiquement présentée comme perdue sur le terrain.
La zone est effectivement « éclairée » comme une scène d’opéra. Dans le ciel, les drones rôdent en permanence. Les redoutables avions A-10 rasent les montagnes. Les hélicoptères, de combats, de transport ou de renseignement, volent constamment. Des ballons statiques flottent dans les airs, équipés de caméras sophistiquées.
Pour l’observation, les plus hautes technologies sont mises en œuvre. Des optiques surpuissantes sont installées sur les sommets alentour. Comme me le confie, en rigolant lourdement, un major US : « depuis mon bureau, je peux voir copuler deux lapins dans un jardin (en fait, il a plutôt dit quelque chose comme : f…. in a garden) ».
Au sol, les patrouilles battent la campagne. Elles traquent le moindre taliban qui ose encore pointer le bout de son nez. Qu’un groupe soit repéré et il est aussitôt atomisé par un missile venu du ciel.
Les Américains savent aussi négocier. Tuer un taliban du pays ? Pourquoi s’attirer des haines inutiles ? Il vaut mieux convoquer son oncle ou son cousin, souvent un puissant potentat local partisan du double jeu, pour le convaincre de rendre les armes. Seuls les talibans « importés », Pakistanais ou autres nationalités, sont impitoyablement éliminés.
Dans ce petit carré d’Afghanistan, les américains progressent. C’est un fait. Pour la première fois depuis 20 ans, six écoles ont pu ouvrir leurs portes. Elles accueillent des garçons…. et des filles. Un événement inconcevable, ne serait-ce que quelques mois auparavant, au cœur du farouche territoire Pachtoune.
Ici, l’Amérique prépare surtout la phase suivante : le transfert du pouvoir aux autorités afghanes. A l’armée nationale (à peu près fiable tant qu’elle sera payée), à la police locale (largement corrompue) et au gouvernement afghan (détesté par la population).
Une fois les américains partis - au plus tard en 2014 - que restera-t-il des énormes moyens engagés pour cette bataille de prestige ? « Sans doute pas grand-chose », me confient mes amis de Kaboul, prompts à dénigrer « l’occupant ».
Mes amis afghans, je les adore. Mais ils ont jeté leur dernier Roi aux oubliettes. Pour accueillir chaleureusement les Soviétiques, avant de les vomir immédiatement. Ils ont ensuite fêté les Moudjahidines en héros, avant de les vouer illico aux gémonies. Et qui se souvient que les Talibans ont été placés au pinacle à leur arrivée « purificatrice » au pouvoir, avant de semer l’effroi dans le pays? Aujourd’hui, c’est au tour des Américains, « libérateurs » en 2001, de subir l’opprobre général. Un peu de constance, dans l’amour ou dans la haine, ne nuirait pas à l’avenir du pays.
La Libye est au coeur des discussions au Conseil des droits de l'homme, auquel participent notamment Micheline Calmy-Rey et Hillary Clinton. Suivez leurs interventions en direct.
Publié le 01 février 2011 à
22:39
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Egypte 2011
Le Caire, 23h10. Le président Hosni Moubarak vient d'annoncer qu'il ne sera pas candidat aux prochaines élections en septembre.
Réaction des milliers de manifestants qui ont suivi son allocution sur un écran géant sur la place Tahrir: "Nous ne partirons pas!". Le discours n'a pas suffi à apaiser la colère de la foule qui réclame toujours le départ immédiat du président.
Le président qui annonce qu'il veillera à la mise en place d'un gouvernement de transition jusqu'aux prochaines élections. "Je mourrai sur sol égyptien", déclare Hosni Moubarak qui veut sortir la tête haute et surtout ne pas être le prochain Ben Ali.
22h10: l'allocution du président ne suffit pas à apaiser la colère de la foule réunie sur la place Tahrir au Caire. Les manifestants continuent de réclamer le départ immédiat d'Hosni Moubarak.
22h02: Hosni Moubarak annonce qu'il ne se présentera pas à la présidentielle en septembre. Jusqu'à cette date, il promet d'oeuvrer pour assurer cette transition politique dans le calme.
21h24: Barack Obama conseille à Hosni Moubarak de ne pas se présenter à la prochaine présidentielle en septembre.
20h59: le président Moubarak doit prononcer un "discours important" dans la soirée.
20h15: la foule commence à se disperser dans une ambiance festive au Caire, mais la place Tahrir est toujours noire de monde.
18h57: la mobilisation contre Hosni Moubarak a été un succès avec plus d'un million de manifestants dans les villes égyptiennes. Près de 250'000 personnes se sont réunies sur la place Tahrir au Caire.
18h44: manifestations au Liban, au Qatar et en Jordanie en soutien à la contestation égyptienne.
17h49: des centaines de milliers de manifestants, formant un cortège de 5 km dans les rues d'Alexandrie, ont demandé à Hosni Moubarak de rejoindre l'ancien président tunisien Ben Ali.
17h15: Mohamed ElBaradei présente son scénario pour "l'après-Moubarak": une présidence intérimaire assurée par le vice-président Omar Souleimane, la dissolution des deux chambres du Parlement et la tenue d'élections législatives et présidentielle.
17h05: Benjamin Netanyahu appelle la communauté internationale à "exiger" qu'un éventuel nouveau pouvoir en Egypte respecte le traité de paix avec Israël.
16h13: plusieurs entreprises suisses, dont Nestlé et ABB, suspendent leurs activités en Egypte et évacuent leurs employés expatriés et leur familles.
15h16: les Etats-Unis rappellent le personnel non essentiel de leur ambassade au Caire.
14h42: Mohamed ElBaradei exige le départ d'Hosni Moubarak d'ici vendredi.
14h30: des centaines de milliers de personnes ont répondu à l'appel de l'opposition en descendant dans la rue du Caire et des principales villes du pays.
14h13: le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan reporte à une date ultérieure une visite qu'il devait effectuer en Egypte.
13h53: l'opposant et prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei souhaite une "sortie honorable" pour Hosni Moubarak.
13h52: environ 50'000 personnes sont rassemblées à Alexandrie, selon un journaliste de l'AFP.
13h35: "Il faut que le sang arrête de couler. Il y a eu trop de morts, trop de blessés", déclare le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Bernard Valero.
13h01: ABB annonce l'arrêt "temporaire" de ses activités en Egypte "par précaution". Le groupe technologique zurichois emploie 1600 personnes en Egypte.
12h56: une coalition d'opposants à Hosni Moubarak, à laquelle appartient les Frères musulmans, prévient qu'elle n'engagera pas de dialogue sur une transition politique avant le départ du président.
12h40: l'ONU évoque le chiffre de 300 morts depuis le début du mouvement de contestation, précisant qu'il s'agit "d'informations non confirmées". Le bilan officiel fait état, lui, de 125 victimes.
11h57: "Si Moubarak veut vraiment sauver sa peau, il ferait mieux de partir", dixit l'opposant ElBaradei au quotidien britannique "The Independant". Sur la chaîne Al Arabya, il demande au président égyptien de quitter le pays d'ici à vendredi.
11h33: le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan exhorte Hosni Moubarak à "satisfaire sans hésitations la volonté de changement" du peuple égyptien.
11h04: la Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Navi Pillay exhorte la police et l'armée à faire preuve de la plus grande retenue. Elle demande aussi aux manifestants d'éviter toute forme de violence.
10h43: plusieurs centaines de milliers de manifestants sont rassemblés place Tahrir au Caire. Selon Al-Jazira, qui cite les organisateurs, ils seraient même un million.
10h36: l'armée ferme les accès au Caire et à d'autres villes où des manifestants prévoient de se rendre pour la "marche du million". L'autoroute reliant Alexandrie au Caire, notamment, est bloquée à un kilomètre de la capitale par un barrage.
10h34: après Moody’s, l'agence de notation Standard and Poor's annonce avoir abaissé la note souveraine de l'Egypte, et envisage une nouvelle dégradation dans les trois mois en raison de l'instabilité politique du pays.
10h20: la BBC déclare que les autorités égyptiennes confisquent le matériel de ses journalistes.
08h50: cinquante organisations égyptiennes de défense des droits l'Homme Hosni Moubarak à "se retirer" du pouvoir pour "éviter un bain de sang". En huit jours, la révolte a fait au moins 125 morts.
08h38: le Fonds monétaire international (FMI), par la voie de son directeur Dominique Strauss-Kahn, se dit prêt à aider l'Egypte à reconstruire son économie.
07h10: l’AFP annonce que plus de 5000 personnes sont déjà rassemblées tôt dans la matinée dans le centre du Caire pour une manifestation géante contre Hosni Moubarak prévue dans la journée.
05h52: la Chine accélère le rapatriement de ses ressortissants. Elle va envoyer au moins quatre avions supplémentaires pour rapatrier jusqu'à 2000 Chinois.
02h39: dans un communiqué, l’armée juge les revendications du peuple égyptien «légitimes» et s’engage à ne pas faire usage de la force pendant les manifestations.
00h31: Google annonce qu'il a coopéré avec Twitter durant le week-end pour mettre en place un système permettant aux Egyptiens d'envoyer des messages sur le site de microblogs par téléphone, en contournant le blocage d'internet.
00h01: le Premier ministre du Canada Stephen Harper plaide en faveur de la liberté et de la démocratie en Egypte, au moment où un premier vol charter, affrété pour évacuer des Canadiens mais aussi des ressortissants de pays amis, quitte l’Egypte.
Publié le 01 février 2011 à
13:43
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Egypte 2011
Le Caire, 15h30. "Les manifestants sont comme un poisson rouge qui tourne dans son bocal depuis une semaine." Telle est l'image décrite par un journaliste français spécialiste des questions de défense. Le véritable test sera de voir ce qui se passe si ces centaines de milliers de personnes décident de bouger.
D'après ce même expert, il se pourrait que des opposannts au régime marchent sur la tour de la télévision nationale. Un bâtiment - symbolique - sous bonne garde de troupes d'élite. L'armée avait indiqué hier qu'elle ne tirerait pas sur des "manifestants pacifistes". La question est désormais de savoir si cet éventuel mouvement sera toujours considéré comme "pacifiste"... conclut l'expert français.
Publié le 01 février 2011 à
11:30
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Egypte 2011
Le Caire, 12h15. Les conditions de tournage habituellement difficiles au Caire s'accentuent encore. Notre equipe a dû une nouvelle fois renoncer à poursuivre un tournage. Elle a dû quitter son emplacement dans le quartier de Mohandessine. La tension avec les habitants étant trop vive.
Publié le 01 février 2011 à
10:53
dans
Egypte 2011
Le Caire, 10h30.Des milliers et des milliers de manifestants - évalués à 100 000 - convergent depuis ce matin vers la place Tahrir sous le slogan: "On ne va pas partir, c'est toi qui vas partir. Moubarak, réveille-toi, c'est ton dernier jour!" Notre caméraman en revient, dépité. Les militaires lui ont interdit l'accès de la place... Sans doute en raison de l'émetteur et du récepteur du micro sans fil. Il repart tenter une nouvelle approche, équipé d'une petite caméra - la seule qu'il nous reste depuis les événements d'hier (voir ci-dessous) - et d'un micro avec fil que l'on espère moins louche aux yeux des militaires...
Publié le 01 février 2011 à
10:46
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Egypte 2011
Le Caire, 7h45. Toute la nuit, ce sont cette fois des cris et slogans en faveur du président Moubarak qui se sont fait entendre. Des hommes, par groupes d'une vingtaine, munis de puissants hauts-parleurs ont sillonné le centre-ville en scandant: "Oui à Moubarak, non à la destruction de l'Egypte!".
Publié le 31 janvier 2011 à
18:41
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Egypte 2011
Le Caire, 17h30. L'heure de la prière au coucher du soleil. L'avant-dernière de la journée pour les musulmans. Les fidèles, venus pour manifester, se prosternent sur la grande place Tahrir. Mais ici, toutes les religions, toutes les classes sociales semblent se mêler à la manifestation.
Plusieurs familles sont venues avec leurs landeaux et bébés. Sur l'une des poussettes, un panneau: "A bas Moubarak!" D'autres sont venues avec leur tente de camping, signe de leur détermination à tenirencore plusieurs jours. A commencer par mardi et sa "Marche d'un million"...
Publié le 31 janvier 2011 à
14:27
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Egypte 2011
Le Caire, 14h45. Un rafle effectuée par des policiers en civil s'est produite en toute fin de matinée dans un hôtel du centre-ville. Six journalistes et collaborateurs d'Al Jazeera (en anglais) ont été emmenés. Information confirmée par la chaîne de télévision. Les journalistes font désormais profil bas. Une heure et demie plus tard, Al Jazeera informait que ses collaborateurs avaient été relâchés.
Dehors, les hélicoptères continuent à voler à basse altitude. Des camions de pompiers munis de lances se dirigent vers la place Tarhir, sans doute pour tenter de disperser la foule qui a afflué pour poursuivre le mouvement de contestation.
Publié le 31 janvier 2011 à
11:45
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Egypte 2011
Quartier de Shoubra, 11h30. Surnommé la capitale du Caire, le quartier populaire de Shoubra compte quelque 5 millions d'habitants. Multiconfessionnelle, cette partie au nord de la ville voit sa population bigarrée vivre en bonne harmonie. Seuls les journalistes se semblent pas les bienvenus à Shoubra. Nous l'avons appris à nos dépens. Nous venons en effet de nous faire agresser par une foule en colère. Notre caméraman en particulier a été molesté par une vingtaine d'hommes et de femmes. Bilan: caméra cassée (photo), matériel perdu, vêtements déchirés et blessure à la main gauche.
"Traîtresse" Notre fixeuse a subi quant à elle des menaces de femmes qui l'accusaient d'être une "traîtresse à la solde d'étrangers". "Nous ne voulons pas d'étrangers ici, entendait-on hurler. Nous pouvons régler nos problèmes nous-mêmes, entre nous! Pourquoi montrez-vous les travers de la population égyptienne?"
Quelques habitants bienveillants sont néanmoins venus nous porter secours. Nous avons pu sauter dans notre taxi et nous échapper... suivi quelques mètres par une foule furieuse.
Publié le 31 janvier 2011 à
11:11
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Egypte 2011
Le Caire, 11 heures. Et le lendemain, c'est aujourd'hui... La nuit a été difficile. Les échanges de tirs n'ont cessé de résonner. Et ce matin, sur le balcon comme dans le quartier, de fines particules de cendres emplissaient l'air. De même, une forte et pénétrante odeur de brûler.
Dans la rue, en ce jour de grève générale annoncée, les Cairotes s'organisent comme ils peuvent pour poursuivre leur mouvement de prostestation et manifester. Comme les sms ne passent plus depuis plusieurs jours, on a par exemple vu un homme siffler et faire de grands gestes pour exhorter au rassemblement.
"Game over!" Dans le même temps, apparaissent les premiers signes de présence policière. Cela ne n'empêche pas de voir, sortant de la vitre d'un vieux bus VW, une pancarte sur laquelle on peut lire: "Game over!"
Publié le 30 janvier 2011 à
22:22
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Egypte 2011
Le Caire, 23 heures. Toute la journée de dimanche, des milliers de protestataires ont continué converger vers la place Tahrir. Le nouveau gouvernement annoncé par le président Moubarak n'a rien changé. "Il pourrait choisir le prophète Mahomet en personne pour lui succéder, cela ne rétablirait pas le calme ici, affirme un manifestant. La rue rejette tout ce qui sort de la bouche de Hosni Moubarak!"
La nuit est tombée sur Le Caire. Des crépitements d'armes à feu dans l'obscurité. Personne ne sait de quoi demain sera fait. Mais le point de non retour semble atteint.
Publié le 29 janvier 2011 à
22:26
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Egypte 2011
Le Caire, 22h30. Quelques cris de manifestants s'élèvent encore au-dessus de la ville. Entrecoupés par le bruit de verre brisé et l'écho des chenilles des tanks sur la chaussée. Parfois, une sirène. Un bâtiment brûle juste en face de l'hôtel, non loin du Musée égyptien. Les premières impressions du Caire sont celles d'une ville fantôme.
Gigantesque vague humaine A 15 heures ce samedi après-midi, entre l'aéroport et la ville, notre taxi file à vive allure. Il n'y a pas de trafic. Tout change près du centre de la capitale: impossible d'avancer. D'innombrables voitures sont garées le long des artères principales. Du haut des ponts qui traversent le Nil, les Cairotes scrutent la gigantesque vague humaine qui manifeste plus bas. Des dizaines de véhicules blindés tentent de la canaliser.
Les soldats, souriants, se laissent photographier par la foule. Une foule d'hommes et de quelques femmes. Mais surtout de ces jeunes de moins de 30 ans qui représentent 2/3 de la population. Ces jeunes qui n'ont pas connu d'autre président que Hosni Moubarak et qui demandent aujourd'hui qu'il "dégage"!
Publié le 19 janvier 2011 à
11:02
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Tunisie 2011
Les Ben Ali se sont donc enfuis. Le clan aurait pris le soin d'emporter 1,5 tonne d'or pour s'assurer un exil confortable. Mais tout n'est pas transportable et les Ben Ali-Trabelsi ont dû laisser derrière eux quelques biens immobiliers bien placés qui suscitent à la fois la convoitise des anciens propriétaires spoliés alors par la famille présidentielle ou la curiosité des gens ébahis par le luxe de ses propriétés. Visite à Hammamet en guise de dernier reportage en Tunisie.
Publié le 18 janvier 2011 à
11:01
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Tunisie 2011
Surprise, une de plus, à la sortie de Tunis, sur l'autoroute du sud: les cabines de péage sont vides, les employés volatilisés. La peur des pillards et des braqueurs, sans doute. Il faut dire que la société "Tunisie autoroutes" était jusqu'à quelques jours de cela aux mains d'un gendre du président en fuite Ben Ali. Son nom: Selim Chiboub. Il était le principal actionnaire de cette entité, privatisée dans les années 1990 au même titre que les chemins de fer, les ports et aéroports pour faire entrer les membres de la "famille régnante" (les Ben Ali et les Trabelsi) dans les capitaux de ces entreprises.
Selim Chiboub, comme ses ex-employés des cabines de péage autoroutier, s'est volatilisé. Il a réussi à fuir la Tunisie juste avant la destitution de son beau-père Zine Ben Ali. Au départ de l'un de "ses" ports ou aéroports? A bord de l'un de "ses" trains? Ou via l'une de "ses" autoroutes?
Publié le 17 janvier 2011 à
00:20
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Tunisie 2011
Tunis et ses environs sont truffées de barricades. En 24 heures, elles ont poussé comme des champignons. A l'entrée des rues, des jeunes armés de gourdins, de chaînes, de haches, se transforment en shérifs. Ils arrêtent les voitures, les fouillent, à la recherche des snipers qui sèment la terreur dans la ville. (Voir le sujet du Journal de 19:30 de dimanche)
Voiture suspecte Problème, notre voiture, louée, est suspecte à leurs yeux, car des rumeurs prétendent que les snipers circulent à bord de voitures de location. Notre chauffeur, le jeune Karim, est de plus en plus livide au fil des jours.
Chaque jour, l'envoi du reportage pour le Journal télévisé se joue à quelques minutes près. En fin d'après-midi, des échanges de tirs éclatent en plein centre-ville, alors que nous revenons à l'hôtel pour monter le sujet. Nous sommes obligés de nous réfugier à l'intérieur d'un immeuble, à 200 mètres du but. Impossible de sortir, alors que le temps presse. Nous commençons à monter le reportage dans la pénombre, assis sur un escalier crasseux, au milieu de quelques policiers. Au bout d'une heure, ils nous autorisent à sortir. Heureusement, car la batterie de notre ordinateur est à plat. Une fois de plus, le sujet est envoyé in extremis.
Ce soir, pas de repas. Il n'y a rien à manger à l'hôtel. Et les policiers ne nous autorisent pas à traverser l'avenue Bourguiba pour nous ravitailler. L'équipe de la RSR, plus prévoyante, nous fait don d'un paquet de biscuits...
Malika Nedir et Jon Björgvinsson, envoyés spéciaux en Tunisie
Publié le 16 janvier 2011 à
00:16
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Tunisie 2011
La Tunisie post-Ben Ali se réveille avec la gueule de bois. Première image en sortant de l'hôtel ce matin, l'avenue Bourguiba jonchée de chaussures, lunettes, vêtements et débris abandonnés par les manifestants poursuivis par la police la veille... des militaires et des policiers tous les deux mètres, ambiance de ville assiégée.
Airs de Bagdad Scènes de pillages dans des supermarchés ou entrepôts. Des gens repartent avec des denrées, des portes, des étagères. Avec le caméraman Jon Björgvinsonn, nous repensons à Bagdad au lendemain de la chute de Saddam Hussein. Les mêmes pilleurs, le même chaos, les mêmes rumeurs sur l'instrumentalisation des casseurs.
La "démocratie" est en marche, selon le nouveau pouvoir, mais les policiers sont de plus en plus nerveux aux carrefours. Nous assistons à des arrestations musclées, automobilistes suspects tirés de leur voiture, tabassés et emmenés au poste. Impossible bien sûr de filmer ce genre de scène. La vue d'une caméra rend certains policiers hystériques. Aujourd'hui, on s'attendait à voir une ville en liesse... on n'a rencontré que la peur! Peur du chaos et d'un avenir incertain.
Publié le 15 janvier 2011 à
14:08
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Tunisie 2011
Vendredi 14 janvier, les Tunisiens ont bousculé le régime puis poussé le président Zine El Abidine Ben Ali à la fuite. Chronologie de la "Révolution du jasmin" diffusée dans l'édition du Journal de 12:45 samedi.
Publié le 15 janvier 2011 à
11:49
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Tunisie 2011
La journée débute par une étape incontournable, le Ministère de la communication, pour obtenir les fameuses autorisations de tournage. Sans elles, pas d'images dans la rue, et des ennuis assurés avec les policiers en uniforme ou en civils, omniprésents en Tunisie. Message du responsable de la presse internationale: "ce soir, pas de couvre-feu, grâce aux annonces de Ben Ali, tout va se calmer."
Quelques heures plus tard, état d'urgence. Non seulement le couvre-feu est maintenu, mais il est avancé à 17 heures (au lieu de 20 heures la veille). Impossible de changer nos plans. Après une journée de reportage à l'extérieur de Tunis, nous devons absolument envoyer nos sujets et faire un duplex depuis un "point d'injection" comme l'on dit dans notre jargon, situé à plusieurs kilomètres de notre hôtel. Avec le caméraman Jon Björgvinsson, nous négocions avec le chauffeur pour qu'il nous attende jusqu'à la fin du Journal télévisé de 19:30, alors que son patron lui ordonne de nous laisser et de ramener la voiture en raison du couvre-feu. Il accepte finalement de rester avec nous.
Après la fin du duplex, retour prudent à l'hôtel, dans une ville quadrillée par l'armée. Nous parvenons à passer. L'équipe de nos confrères alémaniques de SF reste bloquée au point d'injection.
Refuge de manifestants L'hôtel ressemble à un radeau de la Méduse. Situé sur l'avenue Bourguiba, où vient d'avoir lieu une énorme manifestation, il est envahi de jeunes manifestants réfugiés dans le bâtiment pour échapper aux gaz lacrymogènes et à la police. Des jeunes pris au piège du couvre-feu. Ils vont passer la nuit dans les couloirs de l'hôtel. Une fois à l'hôtel, impossible de traverser la rue pour aller manger un morceau dans le seul restaurant ouvert de l'avenue Bourguiba. Négociations avec la police et l'armée qui finit par laisser passer une dizaine de journalistes. Cent mètres sous bonne escorte!
Publié le 15 janvier 2011 à
11:39
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Tunisie 2011
Au cours de l'historique journée de vendredi en Tunisie, qui a vu le premier ministre annoncer qu'il prenait la conduite du pays après la fuite du président Ben Ali pour l'Arabie Saoudite, le témoignage de deux habitants du Grand Tunis permettait de comprendre le chaos et l'incertitude auxquels la Tunisie faisait face les heures précédentes.
Un professeur de l'Université de Tunis: "Mon quartier, la Goulette, est maintenant atteint. C'est un chaos. Il y a des feux. On brûle les postes de police et les propriétés du clan ou des proches de Ben Ali. Avec ma famille, ma femme et mes deux filles, nous avons manifesté au centre ce matin. Nous étions plusieurs dizaines de milliers de personnes dans la rue depuis 10 heures. C'était pacifique. On dansait, on riait et on faisait les blagues habituelles sur Ben Ali. Mais tous voulaient une chose: que Ben Ali prenne ses affaires et parte. Vers 16 heures, la police a commencé à tirer pour disperser la foule. Il y a eu à nouveau des morts."
Une journaliste qui travaille pour un média officiel: "Je suis effondrée. Il est bientôt 18h, le couvre-feu va commencer. Des gens ne le savent pas, ils sont encore dans la rue et j'entends depuis chez moi des tirs. C'est horrible, car il y aura encore des morts. C'est formidable, car enfin quelque chose bouge et le pouvoir est affaibli."
Propos recueillis par Yves Steiner (par téléphone)
Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn et le patron de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) Pascal lamy étaient les invités des Rendez-vous de Genève organisés par l'UNITAR.
Dans l'échange animé par Darius Rochebin, Dominique Strauss-Kahn répond à la question: "Etes-vous encore de gauche?" Pascal Lamy, qui connaît DSK depuis la campagne socialiste de François Mitterrand en 1974, forme le voeu que le socialiste prenne "la bonne décision" en 2011, en vue de la présidentielle française de 2012.
Dans un entretien exclusif accordé à Darius Rochebin le 23 novembre, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), le socialiste français Dominique Strauss-Kahn, évoque la crise financière qui secoue l'Irlande ou la Grèce après plusieurs pays européens (posez-lui vos questions). DSK considère que la planète est dans la "deuxième phase de la crise, moins aiguë mais toujours persistante. Il est erroné de croire que la crise est derrière nous." Selon le directeur du FMI, qui souligne la place grandissante des pays émergents, "L'Europe est dans une situation difficile par rapport au reste du monde".
Le patron du FMI parle aussi de lui et de son intérêt pour les nouvelles technologies. Quant aux attentes qu'il suscite au sein du peuple de gauche en France en vue d'une éventuelle candidature à l'élection présidentielle, Dominique Strauss-Kahn temporise...
Le Français sera le 8 décembre le prochain grand invité des "Rendez-vous mondiaux de Genève", organisés par l'Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR). Son directeur général Carlos Lopes explique les raisons du choix qui s'est "naturellement" porté sur Dominique Strauss-Kahn.
Vous pouvez poser vos questions à Dominique Strauss-Kahn et Pascal Lamy avant ce "Rendez-vous mondial".
rts.ch, placé sous la responsabilité de la RTS, met en ligne sur cette page des "blogs" personnels souvent décalés, parfois impertinents. Ces textes proposent des regards subjectifs; c'est un espace de liberté de ton qui ne représente pas le point de vue de telle ou telle émission mais bien celui de son auteur.